Enfant hyperactif : le sommeil en cause ?

Article mis a jour le 17.04.2024
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Chez l’enfant, les problèmes d’attention sont souvent associés à d’autres difficultés, comme les troubles du sommeil, fréquents et multiformes. Parmi les principaux suspects : l’apnée du sommeil. Décryptage.

Votre enfant ne supporte pas d’attendre dans la file de la boulangerie. Il saute sur place comme monté sur ressort, il répond aux questions avant même qu’elles ne soient entièrement posées, il baille aux corneilles en classe et enchaîne les remarques désobligeantes de ses enseignants sur son carnet de correspondance ? « C’est sûr, il est hyperactif », vous martèle votre entourage. Et si le diagnostic était un peu plus subtil que cela ? Dans cet article, on vous aide à décoder le comportement de votre enfant, avec à la clé une piste thérapeutique à laquelle vous n’aviez peut-être jamais pensé.

Troubles de l’attention : avec ou sans H ?

Pour commencer, faisons un bref état des lieux d’un trouble dont l’origine reste encore assez mystérieuse, y compris pour les spécialistes : le trouble du déficit de l’attention (TDA), avec ou sans hyperactivité – le fameux H. Vous l’aurez compris, que votre enfant soit un doux rêveur qu’il vous faut sans cesse ramener aux réalités de ce monde sous peine de le voir passer sa journée dans la lune ou un super dynamique qui n’a pas défoulé toute son énergie après ses trois heures de stage de karaté, il peut être concerné par le trouble du déficit de l’attention. Seule différence : alors que notre doux rêveur sera qualifié de TDA sans H, notre futur champion d’arts martiaux recevra un diagnostic de TDA avec H. Dans les deux cas, on parlera communément de TDAH [1].
En effet, on trouve dans le TDAH une triade de troubles : inattention, impulsivité, hyperactivité. Ces troubles sont associés de façon diverse selon chaque cas. Ils peuvent aussi être fluctuants chez le même enfant. Il y donc autant de profils TDAH que d’enfants touchés.

L'hyperactivité chez l'enfant est un sujet de santé publique

Rassurez-vous, tous les enfants rêveurs ou turbulents ne sont pas atteints d’un TDAH. Cependant ce trouble neuro-développemental représente le troisième trouble de santé mentale dans le monde en importance. Il touche environ 3,4 % des enfants et des adolescents [2] – contrairement aux idées reçues, ce chiffre est stable [3], sauf aux États-Unis où il augmente [4]. Les conséquences de ce trouble peuvent avoir un impact tout au long de la vie de la personne atteinte de TDAH. Elles peuvent influencer défavorablement ses performances académiques [5] et sa trajectoire professionnelle, favoriser les accidents domestiques et de la circulation, augmenter la probabilité d’addictions et le taux de mortalité. Une prise en charge précoce et efficace permet de limiter ce trouble et son retentissement. C’est un impératif de santé publique.
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Bilans et diagnostic de TDA chez l'enfant

Pour pouvoir poser le diagnostic de TDAH, l’enfant doit présenter des difficultés de concentration, une impulsivité et une agitation pendant au moins six mois. Ces symptômes doivent apparaître avant ses 12 ans. Enfin, ces troubles doivent avoir une répercussion importante sur sa vie quotidienne (école, maison, amitié).
Le diagnostic sera effectué par un spécialiste de ce trouble neuro-développemental, qui s'appuiera sur son observation clinique ainsi que sur l’analyse dans la durée des comportements de l’enfant à l’aide de ses cahiers et bulletins scolaires. Des entretiens lui permettront de comprendre l’environnement de l’enfant, et les questionnaires soumis aux parents, aux professeurs de l’enfant et à l’enfant lui-même, à partir de ses 10 ans, l’aideront à préciser ses observations.

Mais attention : si une évaluation psychologique poussée, effectuée via des tests par un neuropsychologue, peut être d’une grande utilité, celle-ci ne saurait suffire pour poser un diagnostic de TDAH de façon certaine. L’enfant doit souvent passer des bilans complémentaires pour écarter ou non la présence d’autres troubles :
- bilan orthophonique, consistant en une analyse du langage et de la communication de l’enfant ;
- bilan psychomoteur, consistant en une étude de la motricité en rapport avec le milieu de vie de l’enfant ;
- bilan ergothérapique, consistant en une évaluation de la participation de l’enfant dans ses occupations quotidiennes, scolaires et de loisirs ainsi que des éléments facilitant ou faisant obstacle à son autonomie ;
- examen neuro-orthoptique [6], consistant en une exploration de la vision.

Des profils multiples

En effet, la grande variété des profils d’enfants TDAH est également due aux autres troubles psychiatriques ou neuro-développementaux qui accompagnent très souvent le TDAH, ce qu’on nomme comorbidité [7]. Il s’agit notamment des troubles d’apprentissage, les fameux « dys », et ce sont les principales affections comorbides du TDAH [8] :
  • Dyslexie (trouble du langage écrit)
  • Dysorthographie (trouble du langage écrit)
  • Dysgraphie (trouble du langage écrit)
  • Dysphasie (trouble du langage oral)
  • Retard de parole (trouble du langage oral)
  • Dyspraxie (trouble de la coordination).
La présence de troubles psychiatriques est également fréquente : anxiété [9], dépression, opposition avec provocation (TOP) [10], troubles obsessionnels compulsifs (TOC), etc.

Troubles du sommeil très fréquents

De nombreux enfants TDAH présentent un taux élevé de troubles du sommeil [11]: la prévalence de ces troubles varie entre 25 % et 55 % selon les études [12], [13]. En outre, les traitements préconisés en matière de TDAH, principalement le méthylphénidate (la fameuse Ritaline®), peuvent aggraver ces troubles du sommeil avec une latence de sommeil plus longue et un temps de sommeil plus bref [14]. Les scientifiques s’intéressent donc particulièrement aux liens entre troubles de sommeil et TDAH. Les enfants souffrant de TDAH présentent des difficultés d’endormissement et des réveils matinaux précoces, leur sommeil est plus fragmenté, ils sont davantage sujets à des épisodes de somnolence diurne, etc [15], [16].

Et si c’était l’apnée du sommeil ?

Les enfants souffrant d’un TDAH sont également nombreux à présenter des troubles respiratoires du sommeil allant des ronflements réguliers [17] à l’apnée du sommeil (syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil, ou SAHOS) [18], [19], laquelle se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration pendant la nuit.

Malheureusement, l’apnée du sommeil est courante, mais sous-diagnostiquée : seuls 2,4 % des Français ont reçu un diagnostic de SAHOS, et seulement 15 % d’entre eux ont pu bénéficier d’un enregistrement du sommeil afin d’objectiver les difficultés suspectées par polysomnographie. L’index d’apnées-hypopnées (IAH) correspond aux nombres d’apnées-hypopnées par heure de sommeil. Il permet de caractériser le degré de sévérité de l’apnée.

Pour les enfants :
  • IAH supérieur à 1 par heure : SAHOS léger
  • IAH supérieur à 5 par heure : SAHOS modéré
  • IAH supérieur à 10 par heure : SAHOS sévère [20]

Les liens de causalité biologique entre TDAH et troubles du sommeil ne sont pas encore établis : ces troubles se chevauchent puisque le maintien de l’attention est plus difficile en cas de manque de sommeil ou de sommeil de mauvaise qualité. La question se pose alors : les symptômes TDAH sont-ils consécutifs à une fragmentation du sommeil ou à des troubles du sommeil comme les troubles respiratoires du sommeil ? Si c’est le cas, le traitement des troubles respiratoires pourrait avoir des effets bénéfiques sur les symptômes TDAH [21] et ainsi soulager la vie de nombreux petits patients (et de leurs parents).

Concrètement, que faire pour votre enfant ? Outre le diagnostic du TDAH, intéressez-vous à la qualité de son sommeil : les deux peuvent être liés. Des nuits sereines faciliteront les apprentissages et pourront atténuer les symptômes TDAH.

Chez SleepDoctor, nous avons développé un parcours médical optimal, avec des téléconsultations et un examen à domicile, pour vous aider à diagnostiquer et traiter vos troubles du sommeil. Commencez notre questionnaire de santé du sommeil.
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Sources

[1] Le TDAH est caractérisé dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association (DSM.V) et dans la classification internationale des maladies de l’OMS (CIM-11).

[2] Polanczyk GV et al., Annual research review: A meta-analysis of the worldwide prevalence of mental disorders in children and adolescents. J Child Psychol Psychiatry (2015), 56(3), p.345–65.

[3] Polanczyk GV, Willcutt EG, Salum GA, Kieling C, Rohde LA. ADHD prevalence estimates across three decades: An updated systematic review and meta-regression analysis. Int J Epidemiol 2014; 43(2), p. 434–42.

[4] Visser SN, Danielson ML, Bitsko RH, et al., Trends in the parent-report of health care provider-diagnosed and medicated attention-deficit/hyperactivity disorder : United States, 2003–2011. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2014; 53(1): p.34–46.e2.

[5] Loe IM, Feldman HM. Academic and educational outcomes of children with ADHD. Ambul Pediatr 2007;7(1 Suppl), p.82–90.

[6] À ne pas confondre avec un bilan orthoptique simple même si celui-ci peut s’avérer utile.

[7] Comorbidité : présence de deux ou plusieurs troubles en même temps.

[8] Larson K, Russ SA, Kahn RS, Halfon N. Patterns of comorbidity, functioning, and service use for US children with ADHD, (2007(). Pediatrics 2011;127(3), p. 462–470.

[9] Halldorsdottir T, Ollendick TH. Comorbid ADHD : Implications for the treatment of anxiety disorders in children and adolescents, Cogn Behav Practice 2014;21(3), p310–22.

[10] Bange, F. (2014). TDA/H: Trouble déficit de l’attention/hyperactivité : aide-mémoire : [en 57 notions]. Paris: Dunod.

[11] Sung, Valerie, et al., Sleep problems in children with attention-deficit/hyperactivity disorder: prevalence and the effect on the child and family, Archives of pediatrics & adolescent medicine 162.4 (2008), p. 336-342.

[12] Cortese, S., Brown, T. E., Corkum, P., Gruber, R., O’Brien, L. M., Stein, M., Weiss, M., et al. (2013). Assessment and management of sleep problems in youths with attention-deficit/hyperactivity disorder. Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 52(8), p. 784‑796.

[13] Corkum, P., Moldofsky, H., Hogg-Johnson, S., Humphries, T., Tannock, R. (1999). Sleep problems in children with attention-deficit/hyperactivity disorder: impact of subtype, comorbidity, and stimulant medication. Journal of the American Academy of Child andAdolescent Psychiatry, 38(10), p.1285‑1293.

[14] Kidwell, K. M., Van Dyk, T. R., Lundahl, A., Nelson, T. D. (2015). Stimulant Medications and Sleep for Youth With ADHD: A Meta-analysis. Pediatrics, 136(6), p. 114‑1153.

[15] Cortese, S., Faraone, S. V., Konofal, E., Lecendreux, M. (2009). Sleep in children with attention-deficit/hyperactivity disorder: meta-analysis of subjective and objective studies, Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 48(9), p. 894‑908.

[16] Cortese, S., Konofal, E., Lecendreux, M., Arnulf, I., Mouren, M.-C., Darra, F., Dalla Bernardina, B. (2005). Restless legs syndrome and attention-deficit/hyperactivity disorder: a review of the literature. Sleep, 28(8), p.1007‑1013.

[17] Chervin, R. D., Archbold, K. H., Dillon, J. E., Panahi, P., Pituch, K. J., Dahl, R. E., Guilleminault, C. (2002). Inattention, hyperactivity, and symptoms of sleep-disordered breathing. Pediatrics, 109(3), p. 449‑456.

[18] 4,9% de personnes déclarent souffrir d’un SE-SAHOS, Le syndrome d’apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH 44-45, 20 novembre 2012, p. 511.

[19] L’apnée obstructive du sommeil (SAOS) constituent la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l’apnée centrale du sommeil (ACS).

[20] Revenaugh, P. C., Chmielewski, L. J., Edwards, T., Krishna, J., Krakovitz, P., Anne, S. (2011). Utility of preoperative cardiac evaluation in pediatric patients undergoing surgery for obstructive sleep apnea. Archives of Otolaryngology--Head & Neck Surgery, 137(12), p.1269‑1275.

[21] Sedky, K.,Bennett, D. S., Carvalho, K. S. (2013). Attention deficit hyperactivity disorder and sleep disordered breathing in pediatric populations: A meta-analysis. Sleep Medicine Reviews, 18(4), p.349‑356.
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