L'apnée du sommeil chez le nourrisson

28.07.2023

Auteur du texte: L'équipe SleepDoctor

Comme n’importe laquelle pathologie, l’apnée du sommeil est susceptible d’impacter la vie quotidienne du patient eu point de diminuer sa capacité à travailler. Cette diminution est susceptible d’être considérée comme une situation d’invalidité.

Plus de 800.000 personnes reçoivent une pension d’invalidité en France. Près de 5% des Français souffrent d’apnée du sommeil [1], [2]. L’apnée du sommeil peut-elle être reconnue comme une cause d’invalidité en France ?

Le nourrisson, un être en devenir

Ils ont un long chemin devant eux. À trois semaines, ce ne sont déjà plus des nouveaux nés mais des nourrissons. Un terme qui peut être utilisé au maximum jusqu’à l’anniversaire de leurs deux ans, selon le dictionnaire de l’Académie Française. Plus simplement le terme fait référence à un jeune enfant pas sevré c’est-à-dire qui se nourrit essentiellement de lait. Pendant tout cette période, les étapes du développement du jeune enfant sont examinées avec attention par les professionnels de soin qui le suivent. Des examens médicaux obligatoires sont prévus pour faire le point sur la croissance du nourrisson et sa santé. Ils ont lieu à :

- 8 jours de vie,
- au cours de la deuxième semaine,
- tous les mois entre 1 et 6 mois,
- à 9, 11 et 12 mois,
- Vers 16-18 mois
- à 2 ans.

Sommeil du nourrisson : premières difficultés

Le sommeil du nourrisson est au premier plan des préoccupations des parents et de leur entourage. Fait-il déjà ses nuits ? S’endort-il facilement ? Est-ce qu’il sourit aux anges pendant son sommeil ? Pour le jeune enfant, le sommeil est une conquête. Ainsi il ne connaît pas encore tout de suite l’alternance jour/nuit, ni notre rythme circadien mais un rythme ultradien qui se répète toutes les 3 à 4 heures. Et ce n’est que vers 5 ou 6 mois que ses nuits s’allongent et que des cycles de sommeil plus réguliers s’installent.
Dans ces débuts quelque peu mouvementés peuvent apparaître des premiers troubles du sommeil : endormissement difficile, réveils prolongés, cauchemars… et même des troubles respiratoires du sommeil comme l’apnée du sommeil.
Vous souffrez peut-être d’apnée du sommeil
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L’apnée du sommeil chez le nourrisson

Chez le nourrisson, l’apnée du sommeil ou le syndrome apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) se caractérise par des épisodes d'obstruction, le plus souvent partielle, des voies aériennes supérieures, associés à une diminution de la saturation en oxygène et une augmentation du CO2 dans le sang [1]. La raison ? Il s’agit le plus souvent d’une hypertrophie des végétations et des amygdales. Il peut également s’agir de malformation anatomique avec une réduction du calibre des voies supérieures aériennes, voire d’anomalies du contrôle neurologique de la voie aérienne [2]. Les symptômes dépendent de l'âge, mais incluent toujours un ronflement et des difficultés respiratoires [3].

Et si bébé est né prématuré ? L'apnée du sommeil est-elle plus risquée ?

Les bébés nés prématurément, c’est-à-dire les nourrissons nés avant 37 semaines d'aménorrhée, soit 8 mois et demi de grossesse, peuvent subir des épisodes d’apnée lorsque la zone de leur cerveau contrôlant la respiration est encore immature. Ces pauses respiratoires peuvent provoquer :
- une diminution du taux d’oxygène dans le sang,
- un ralentissement de la fréquence cardiaque,
- une coloration bleutée des lèvres et/ou de la peau.

Cette apnée dite centrale touche environ un nourrisson né prématuré sur 4. Elle est d’autant plus fréquente que l’enfant est né tôt. Ces épisodes d’apnée vont s’espacer avant de cesser totalement avec la maturation progressive du cerveau du nourrisson. Moins fréquents des épisodes d’apnées obstructive peuvent être provoqués par une obstruction temporaire du pharynx occasionnée par un faible tonus musculaire ou une flexion vers l’avant du cou, comme c’est le cas chez les nourrissons nés à terme. L’apnée mixte est une combinaison de l’apnée centrale et de l’apnée obstructive.

À savoir :
Les enfants nés prématurés sont 3 à 5 fois plus susceptibles de développer un SAHOS dans leur enfance que les enfants nés à terme. Ils sont également 2 fois plus susceptibles de développer un SAHOS à l’âge adulte que les enfants nés à terme [4].

L’apnée du sommeil est-elle dangereuse chez le jeune enfant ?

En cas d’apnée du sommeil avérée, les risques ne sont pas à négliger. En effet, elle est fréquemment accompagnée d’un retard de croissance staturo-pondérale. L’apnée du sommeil peut également provoquer des perturbations cardio-vasculaires, notamment une augmentation de la tension artérielle. En outre, toujours chez l’enfant, l’apnée du sommeil peut provoquer des troubles cognitifs (difficultés attentionnelles, hyperactivité) et des troubles de l’humeur.
Des scientifiques belges ont également mis en évidence des liens entre la mort subite du nourrisson et l’apnée du sommeil. La mort subite du nourrisson se caractérise par le décès brutal et inattendu d'un enfant de moins d'un an en bonne santé apparente et dont la cause reste inexpliquée même après examen post-mortem. Elle constitue toujours la première cause de mortalité des enfants de un mois à un an en France [5]. Et la France est l’un des pays européens où la prévalence est la plus élevée [6]. D’après l’équipe belge qui a comparé les caractéristiques respiratoires d’enfants en bonne santé âgés de 2 à 19 semaines avec celles d’enfants victimes d’une mort subite du nourrisson, les épisodes d’apnée du sommeil sont plus fréquents chez ces derniers [7].

Les bons réflexes à adopter

Vous êtes plutôt du genre angoissé et la lecture de ces quelques lignes vous donnent envie de filer faire passer à votre bébé un test de sommeil ou polysomnographie ou de le monitorer H24 ?
Premier réflexe à adopter : s’adresser au médecin de l’enfant au moindre signe d’alerte. En la matière, aucune question n’est idiote surtout venant d’un parent débutant.
Second réflexe : adopter les bons gestes de prévention [8], à savoir :

  • Coucher systématiquement son enfant sur le dos.
  • Veiller à lui apporter un environnement de sommeil sain (température de la chambre entre 18 et 20°C, literie adaptée : pas d’oreiller, pas de tour de lit, pas de peluches, etc…).
  • Faire dormir l’enfant dans la chambre de ses parents au moins les 6 premiers mois, voire toute la première année.
  • Allaiter les 6 premiers mois.
Autant de mesures simples et concrètes qui peuvent sauver des vies. D’après les spécialistes la moitié des morts subites du nourrisson pourrait être évitée en respectant ces recommandations [9].

Ce qu’il faut retenir :
- L’apnée du sommeil concerne aussi les nourrissons.
- Les nourrissons prématurés ont un risque aggravé d’apnée du sommeil.
- L’apnée du sommeil constitue un risque pour la croissance et le bon développement de l’enfant.
Sources

[1] François, G., Culée C., Le syndrome d'apnées obstructives liées au sommeil chez le nourrisson et l'enfant, Archives de Pédiatrie, Vol. 7, 10, oct. 2000, p. 1088-1102
[2] Lumeng, J. C. & Chervin, R. D. Epidemiology of pediatric obstructive sleep apnea. Proc. Am. Thorac. Soc. 5, 242–252 (2008).
[3] François, G., Culée C., Le syndrome d'apnées obstructives liées au sommeil chez le nourrisson et l'enfant, Archives de Pédiatrie, Vol. 7, 10, oct. 2000, p. 1088-1102
[4] Armoni Domany K, et al. Cardioventilatory Control in Preterm-born Children and the Risk of Obstructive Sleep Apnea, American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, Vol 197, p.12
[5] https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-de-la-mere-et-de-l-enfant/mort-inattendue-du-nourrisson/le-syndrome/
[6] de Visme S, Chalumeau M, Levieux K, Patural H, Harrewijn I, Briand-Huchet E, Rey G, Morgand C, Blondel B, Gras-Le Guen C, Hanf M. National Variations in Recent Trends of Sudden Unexpected Infant Death Rate in Western Europe. J Pediatr. 2020 Nov, 226, p.179-185.
[7] Kato, I et al., Developmental Characteristics of Apnea in Infants Who Succumb to Sudden Infant Death Syndrome, American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine. Vol. 164, p. 8
[8] Moon RY. Task Force on Sudden Infant Death Syndrome. SIDS andother sleep-related infant deaths: evidence base for 2016 updated recommendations for a safe infant sleeping environment. Pediatrics 2016, p.138
[9] Moon RY. Task Force on Sudden Infant Death Syndrome. SIDS andother sleep-related infant deaths: evidence base for 2016 updated recommendations for a safe infant sleeping environment. Pediatrics 2016, p.138