Comment diagnostiquer l’apnée du sommeil de l’enfant ?

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Article mis a jour le 26.08.2024
L’examen clinique constitue un élément stratégique du SAHOS en pédiatrie. Si la polysomnographie est l’examen de référence pour les enfants, elle n’est pas systématiquement prescrite.

Les troubles respiratoires du sommeil couvrent un large spectre allant des ronflements primaires sans symptôme à l’apnée obstructive du sommeil (SAHOS). La prévalence de ces troubles dans la population pédiatrique générale varie entre 7 % à 11 % [1].

Des pauses dans la respiration

Le SAHOS se caractérise par la survenue d’épisodes répétés d’obstruction de voies aériennes complets (apnées) ou partiels (hypopnées) durant le sommeil de l’enfant. Ces pauses respiratoires peuvent durer de 10 à 60 secondes et survenir des dizaines de fois par heure. Elles sont à l’origine de phases de micro-éveils, jusqu’à une centaine par nuit. Si ces derniers passent généralement inaperçus, car le dormeur n’en est pas conscient, ils perturbent cependant les cycles du sommeil et dérèglent le rythme circadien. En outre, dans l’apnée du sommeil, la quantité d’oxygène transportée dans le sang du patient diminue ; on parle alors d’hypoxémie.

Les troubles respiratoires du sommeil sont sous-diagnostiqués chez l’enfant

Environ 90 % des enfants qui en sont atteints ne sont pas diagnostiqués [2]. Ces chiffres apparaissent d’autant plus préoccupants que ces difficultés sont associées à des problèmes neurocognitifs chez les enfants [3], [4].

Ils peuvent entraîner :
  • des troubles du développement cérébral,
  • des lésions neuronales,
  • une perte permanente du potentiel de développement [5].

À moyen et long terme, ces enfants sont susceptibles de développer :
  • des problèmes cardiovasculaires,
  • du diabète,
  • des troubles métaboliques, notamment du surpoids
Ces troubles non traités génèrent donc de dépenses de santé. Il a en effet été démontré que les enfants atteints de troubles respiratoires du sommeil non diagnostiqués utilisaient deux fois plus de soins de santé que la population générale [6].

Trois familles d’enfants concernés par l’apnée du sommeil

Trois types de populations sont susceptibles de souffrir d’apnée du sommeil.

  1. Les jeunes enfants sans comorbidité associée, ni surpoids et présentant un obstacle oto-rhino-laryngologique (ORL), généralement une hypertrophie des amygdales souvent associé à celle des végétations.

2. Les enfants en surpoids, souvent plus âgés et sans hypertrophie adéno-amygdalienne importante.

3. Les enfants atteints d’une pathologie malformative cranio-faciale, comme la trisomie 21, par exemple, d’une maladie neuromusculaire, d’une maladie respiratoire chronique, etc.

Le dépistage du SAHOS chez l’enfant repose sur des signes cliniques

Le médecin du sommeil relève tout d’abord les caractéristiques de l’enfant : poids, taille, indice de masse corporelle, présence ou non de comorbidités.

Puis, il accorde une large place à l’entretien clinique avec l’enfant, ses parents, sa fratrie afin de repérer les éléments caractéristiques du SAHOS. Conformément aux recommandations de la Haute Autorité de la Santé, le médecin cherche à repérer une triade de signes nocturnes :
  • ronflements,
  • respiration laborieuse,
  • irrégularités respiratoires ou apnées [7].
Bon à savoir : Ce n’est pas parce que l’enfant ronfle qu’il est nécessairement atteint d’un SAHOS. Environ 10 % des enfants ronflent de façon habituelle, c'est-à-dire au moins trois nuits par semaine [8]. 37,1 % de ces enfants développent un SAHOS, notamment lorsque, à ces ronflements persistants, vient s’associer un surpoids [9].

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Les symptômes sont nocturnes, mais également diurnes

Pour faciliter son diagnostic, le médecin du sommeil peut demander aux parents de filmer leur enfant pendant son sommeil, de préférence torse nu pour observer l’effort respiratoire. D’autres signes nocturnes peuvent être relevés (agitation, hyper sudation, énurésie).

D’autres signes diurnes ont également toute leur place : respiration buccale, agitation, troubles de l’attention, troubles de l’apprentissage, (lien vers l’article TDAH : et si c’était l’apnée du sommeil), irritabilité, retard de croissance.
Le professionnel accordera également une large place aux signes ORL. Il va rechercher :
Une hypertrophie des amygdales,
Une obstruction nasale (généralement due à l’hypertrophie des végétations adénoïdes).

La respiration buccale caractéristique du SAHOS chez l’enfant peut être associée à des modifications maxillo-faciales comme le visage allongé ou le palais ogival.

La polysomnographie constitue l’examen du sommeil de référence pour l’enfant

Pour diagnostiquer le SAHOS le médecin peut prescrire une polygraphie ventilatoire qui est réalisée à domicile. Il peut également prescrire une polysomnographie le plus souvent effectuée en laboratoire du sommeil. Chez l’enfant la polysomnographie constitue l’examen de référence [10].

Cet examen permet de :
  • mesurer les états de vigilance et la fragmentation du sommeil,
  • étudier la fonction cardiorespiratoire au cours du sommeil [11].
Dans les faits, en cas de présence de signes nocturnes majeurs ainsi que de critères ORL déterminants, les spécialistes considèrent que l’examen du sommeil n’est pas nécessaire avant la réalisation d’une chirurgie ORL [12]. Cette opération consiste en une ablation des amygdales, parfois accompagnée de celle des végétations adénoïdes si elles sont excessivement grosses. Cette double procédure connue sous le nom d'adénoïde-amygdalectomie constitue le traitement chirurgical de référence [13]. Dans 60 % des cas, les symptômes du SAHOS disparaissent complètement après l’opération [14]. Si les signes nocturnes ne s’accompagnent pas de critères ORL, l’examen du sommeil est indispensable avant d’envisager tout traitement [15].

Si vous avez des doutes, n'hésitez pas à consulter un spécialiste de l'apnée du sommeil pédiatrique.

Des facteurs prédictifs de sévérité

L'Index d'Apnées-Hypopnées (IAH) mesure le nombre d'apnées et d'hypopnées par heure de sommeil, servant ainsi à déterminer la gravité de l'apnée.

Chez les enfants, les critères sont les suivants :
  • IAH supérieur à 1 par heure : SAHOS léger,
  • IAH supérieur à 5 par heure : SAHOS modéré,
  • IAH supérieur 10 par heure : SAHOS sévère [16].

Les chercheurs sont parvenus à modéliser une hiérarchie des signes cliniques prédictifs de la sévérité du SAHOS. Ces critères permettent d’identifier les enfants qui doivent nécessairement passer un enregistrement polysomnographique ou une polygraphie ventilatoire [17]. Il s’agit des cinq symptômes suivants classés par ordre d’importance :
  • Devoir secouer son enfant pour qu’il respire,
  • Lutte respiratoire pendant le sommeil,
  • Préoccupation autour de la respiration pendant la nuit,
  • Intensité des ronflements,
  • Présence de ronflements pendant la nuit.

À retenir :
  • Le dépistage du SAHOS chez l’enfant repose sur des signes cliniques : caractéristiques physiques et éléments collectés au cours de l’interrogatoire de l’enfant et de ses proches.
  • Les signes cliniques du SAHOS chez l’enfant sont nocturnes, mais également diurnes.
  • La polysomnographie constitue l’examen du sommeil de référence pour l’enfant.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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Sources
[1] Guilleminault C , Huang YS. Pediatric obstructive sleep apnea: a short review of clinical aspects. Pediatr Respirol Crit Care Med. (2017);1 (2), p. 39-45.
[2] Honaker SM, Meltzer LJ. Sleep in pediatric primary care: a review of the literature, Sleep Med Rev. (2016) ; 25, p. 31-39
[3] Bonuck K, FreemanK, ChervinRD, XuL. Sleep-disordered breathing in a population-based cohort: behavioral outcomes at 4 and 7 years, Pediatrics, (2012) ;129 (4), p. 857-865
[4] Hunter SJ, Gozal D, Smith DL, Philby MF, Kaylegian J, Kheirandish-Gozal L. Effect of sleep-disordered breathing severity on cognitive performance measures in a large community cohort of young school-aged children. Am J Respir Crit Care Med. (2016);194(6), p.739-747.
[5] Jan JE, Reiter RJ, BaxMCO, RibaryU, FreemanRD, WasdellMB, Long-term sleep disturbances in children: a cause of neuronal loss. Eur J Paediatr Neurol, (2010) ; 14 (5), p.380-390.
[6] Reuveni H, Simon T, Tal A, Elhayant A, Tarasiuk A. Health care services utilization in children with obstructive sleep apnea syndrome, Pediatrics, (2002) ; 110, p. 68-72.
[7] Aubertin, G., Diagnostic clinique du syndrome d’apnées obstructives du sommeil de l’enfant, Archives de pédiatrie (2017), p.7-15
[8] Aubertin, G., Diagnostic clinique du syndrome d’apnées obstructives du sommeil de l’enfant, Archives de pédiatrie (2017), p.7-15
[9] Li, A.M. et al., Natural History of Primary Snoring in School-aged Children: A 4-Year Follow-up Study, Chest, (2013), 143, p.729-735
[12] Aubertin, G. , Diagnostic clinique du syndrome d’apnées obstructives du sommeil de l’enfant, Archives de pédiatrie (2017), p.7-15
[13] A randomized trial of adenotonsillectomy for childhood sleep apnea. Marcus CL, Moore RH, Rosen CL et al. A randomized trial of adenotonsillectomy for childhood sleep apnea. N Engl J Med. 2013 Jun 20;368(25), p. 2366-7
[14] Imanguli M, Ulualp SO. Risk factors for residual obstructive sleep apnea after adenotonsillectomy in children. Laryngoscope. 2016 Nov ; 126(11), p.2624-9
[15] Aubertin, G. , Diagnostic clinique du syndrome d’apnées obstructives du sommeil de l’enfant, Archives de pédiatrie (2017), p.7-15
[16] Revenaugh, P. C., Chmielewski, L. J., Edwards, T., Krishna, J., Krakovitz, P., Anne, S. (2011). Utility of preoperative cardiac evaluation in pediatric patients undergoing surgery for obstructive sleep apnea. Archives of Otolaryngology--Head & Neck Surgery, 137(12), p.1269‑1275
[17] Spruyt, K., Gozal, D. Screening of Pediatric Sleep-Disordered Breathing: A Proposed Unbiased Discriminative Set of Questions Using Clinical Severity Scales, Chest, Vol. 142, 6, (2012), p. 1508-1515
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