L'importance du sommeil pour l'apprentissage scolaire

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Article mis a jour le 19.11.2024
Difficultés d’endormissement, réveils fréquents, ronflements, apnées du sommeil : les troubles du sommeil sont fréquents chez l’enfant. Outre la fatigue, ils peuvent affecter son développement cognitif et ses performances scolaires.

Le sommeil des enfants est un sujet important dans les préoccupations parentales, et ce à tous les âges. Endormir son bébé, rassurer son jeune enfant après un cauchemar, assurer une routine sécurisante pour faciliter le coucher, surveiller l’heure d’aller au lit en période scolaire, tirer du lit ses ados à temps pour le déjeuner du week-end : à chaque âge ses challenges !

Un enfant qui dort bien est un enfant qui apprend mieux

Si nous sommes généralement bien conscients du rôle clé du sommeil pour le bon développement de notre enfant, nous ne connaissons que superficiellement les liens entre celui-ci et le développement cérébral, émotionnel et cognitif de l’enfant. Pourtant ceux-ci sont essentiels car ils ont un retentissement important sur les performances scolaires de notre progéniture. Un enfant qui dort bien est un enfant qui apprend mieux. On vous explique en détail pourquoi.

Le cerveau a besoin de dormir pour grandir

Le sommeil occupe une fonction majeure dans les grandes étapes de la maturation cérébrale, depuis la vie in utero jusqu’au début de l’âge adulte [1]. La maturation cérébrale débute dans les régions sensorielles les plus postérieures du cerveau et se termine vers 25 ans dans les régions frontales, les plus antérieures de notre cerveau. Or les troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveils fréquents, ronflements, apnées du sommeil...) impactent la maturation cérébrale de l’enfant. Il en est de même lorsque les heures de sommeil sont insuffisantes, par exemple en cas de coucher tardif.

Une étude américaine a récemment mis en évidence l’impact à long terme du manque de sommeil dans le développement cérébral et cognitif de l'enfant [2].

Sommeil chez un enfant de 6 ans

Un enfant de 6 ans a généralement besoin de 9 à 12 heures de sommeil par nuit, comme le recommandent les experts du sommeil. Pour favoriser une croissance et un apprentissage sains, la plupart des enfants de 6 ans devraient se coucher entre 19 h et 20 h 30, en fonction de leur heure de réveil et de leurs besoins individuels. Cependant, il n'est pas rare que les enfants de cet âge se réveillent pendant la nuit. Les réveils nocturnes peuvent être dus à des cauchemars, au besoin d'aller aux toilettes ou à une sensation de chaleur ou de froid. Des habitudes de sommeil incohérentes ou des facteurs environnementaux, tels que le bruit ou la lumière, peuvent également perturber leur repos.

Le manque de sommeil chez un enfant de 6 ans peut avoir un impact significatif sur son comportement, entraînant souvent de l'irritabilité, des difficultés de concentration et des tendances à l'hyperactivité. Ces signes peuvent parfois être confondus avec d'autres problèmes, tels que des troubles de l'attention, et il est donc essentiel pour leur bien-être de veiller à ce qu'ils bénéficient d'un sommeil régulier et de qualité.

Prenez 3 minutes pour évaluer votre risque d'apnée du sommeil

Les troubles du sommeil sont fréquents durant l'enfance

Or les troubles du sommeil de l’enfant et de l’adolescent affectent près de 30% des enfants [3]. Il peut s’agir de :


Selon une enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV)/MGEN réalisée en 2022 sur le sommeil des enfants de moins de 10 ans et leurs parents, 24 % des parents interrogés rapportent un trouble du sommeil chez leur enfant. Ce chiffre augmente à 32 % chez les parents d’enfants de moins de 3 ans. Les cauchemars récurrents (parasomnies) et les ronflements (troubles respiratoires) sont les deux troubles les plus cités par les parents dans cette enquête.

Une majorité d’enfants en privation de sommeil

En outre, alors même qu’une écrasante majorité de parents déclarent accorder une forte importance au sommeil de leur enfant (9,2 parents sur 10), les résultats de cette enquête révèlent que, au regard des horaires de lever et coucher des enfants rapportés, beaucoup d’enfants sont en privation de sommeil :

  • 76% des enfants de 6 mois à 3 ans dorment moins de 11 heures par nuit en semaine,
  • 36% des 3-6 ans dorment moins de 10 heures par nuit en semaine,
  • 11% des 6-10 ans dorment moins de 9 heures par nuit en semaine.

Besoins en sommeil des enfants par âge

Les troubles cognitifs perturbent les apprentissages

Troubles du sommeil et privation de sommeil sont également susceptibles de favoriser l’apparition de troubles cognitifs, émotionnels et comportementaux. Les troubles du sommeil, quels qu’ils soient, se font sentir le jour : troubles d’attention, risque d’accidents, perturbation des apprentissages scolaires [4].
En effet, le sommeil intervient dans la consolidation des processus mnésiques [5] (la mémoire), ce qui explique en grande partie les difficultés cognitives générées par les troubles du sommeil. Ces difficultés cognitives ont des répercussions sur les apprentissages académiques.
Dans la cohorte américaine précédemment citée, les enfants de 9 ans et 10 ans qui dorment insuffisamment présentent plus de difficultés cognitives en matière de résolution de problème et de prise de décision. La durée de sommeil a bien un impact sur les fonctions exécutives. De bonnes nuits de sommeil vont de pair avec un meilleur contrôle de soi, une meilleure flexibilité cognitive, ainsi que de meilleures capacités de mémoire de travail.

Un enfant qui dort bien est un enfant qui apprend mieux

Sommeil, trouble psychiques et apprentissage

Un enfant qui dort mal ou qui ne dort pas assez ne présente pas nécessairement les mêmes signes cliniques qu’un adulte (sujet à la somnolence et à la baisse de vigilance). L’enfant, lui, se montera plus vraisemblablement irritable, hyperactif ou encore inattentif.

L’apnée du sommeil chez l’enfant

Les enfants souffrant de troubles respiratoires du sommeil, comme le syndrome d’apnées du sommeil (SAHOS) qui bouleverse les cycles du sommeil en provoquant des micro-éveils nocturnes, sont particulièrement susceptibles de présenter des comportements hyperactifs. Une prise en charge adaptée, notamment par ablation des amygdales et/ou des végétations, permet de réduire, voire d’éliminer ces troubles cognitifs et comportementaux.

La santé mentale chez l’enfant

Les troubles du sommeil ont également des conséquences en termes de santé mentale chez l’enfant. Ils génèrent :
  • des troubles du comportement,
  • des troubles de l’humeur,
  • une labilité émotionnelle.

Ils constituent également un facteur de risque de troubles dépressifs [6]. Les enfants qui souffrent d’un manque de sommeil présentent davantage de troubles de santé mentale (dépression, anxiété, comportements impulsifs) [7].

Ces troubles psychiques peuvent entraîner des problèmes de sommeil, qui viennent intensifier les perturbations émotionnelles, créant un cercle vicieux. En outre, ces troubles psychiques ont des conséquences directes sur la scolarité des enfants. Un enfant anxieux, déprimé est moins attentif en classe et moins performant. C’est l’effet boule de neige, dont il est alors urgent de traiter la cause.

Comment aider votre enfant à mieux dormir et à améliorer ses performances scolaires ?

  • Discutez de l'importance du sommeil : Expliquez à votre enfant qu'un sommeil de qualité favorise l'apprentissage, l'humeur et la santé en général.

  • Adoptez des habitudes de sommeil saines : Montrez l'exemple en maintenant des habitudes de sommeil cohérentes et en donnant la priorité à votre propre repos.

  • Établissez une heure de coucher cohérente : Alignez l'heure du coucher de votre enfant sur son emploi du temps quotidien, en veillant à ce qu'il bénéficie de la durée de sommeil recommandée (9 à 12 heures pour les enfants d'âge scolaire).

  • Créez une routine relaxante à l'heure du coucher : Encouragez les activités calmantes comme la lecture ou les étirements doux pour aider votre enfant à se détendre avant de s'endormir.

  • Limitez le temps passé devant un écran : Évitez les appareils électroniques, tels que les tablettes et les téléphones, au moins une heure avant le coucher. Gardez les appareils hors de la chambre à coucher pour éviter les distractions.

  • Créez un environnement propice au sommeil : Installez un matelas confortable, une literie douillette et veillez à ce que la chambre soit calme, sombre et fraîche pour un repos optimal.

  • Fixez des limites claires : Une heure de coucher fixe permet d'éviter que d'autres activités, comme les études ou les jeux, ne viennent empiéter sur le temps de sommeil.

  • Demandez l'avis d'un professionnel si nécessaire : Consultez un pédiatre si votre enfant a des problèmes de sommeil persistants ou s'il a du mal à se concentrer et à être de bonne humeur pendant la journée.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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Sources

[1] Guilleminault C, Tilkian A, Dement WC. The sleep apnea syndromes. Annu Rev Med (1976) 27, p. 465-484.
[2] Ze Wang, PhD et al., Children Who Lack Sleep May Experience Detrimental Impact on Brain and Cognitive Development That Persists Over Time, Lancet Child and Adolescent Health, 2022
[3] Lecendreux, M., Dossier troubles du sommeil de l’enfant , .(2007), Réalités pédiatriques n° 124, p.7.
[4] Patients identifiés par l’assurance maladie en 2019, chiffres du ministère de la Santé et de la Prévention
[5] Marshall, L. et Born,J., The contribution of sleep to hippocampus-dependent memoryconsolidation,Treds in cognitive sciences, (2007) vol. 11, n° 10, 442-450.
[6] Chaix, Y, Sommeil de l’enfant, Du normal au pathologique : quand s’inquiéter ?,
La Revue du Praticien Médecine Générale, (2023), 37(1076), p.175-80
[7] Ze Wang, PhD et al., Children Who Lack Sleep May Experience Detrimental Impact on Brain and Cognitive Development That Persists Over Time, Lancet Child and Adolescent Health, 2022