L'importance du sommeil pour l'apprentissage scolaire

22.06.2023
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Difficultés d’endormissement, réveils fréquents, ronflements, apnées du sommeil : les troubles du sommeil sont fréquents chez l’enfant. Outre la fatigue, ils peuvent affecter son développement cognitif et ses performances scolaires.

Le sommeil des enfants est un sujet important dans les préoccupations parentales, et ce à tous les âges. Endormir son bébé, rassurer son jeune enfant après un cauchemar, assurer une routine sécurisante pour faciliter le coucher, surveiller l’heure d’aller au lit en période scolaire, tirer du lit ses ados à temps pour le déjeuner du week-end : à chaque âge ses challenges !

Un enfant qui dort bien est un enfant qui apprend mieux

Si nous sommes généralement bien conscients du rôle clé du sommeil pour le bon développement de notre enfant, nous ne connaissons que superficiellement les liens entre celui-ci et le développement cérébral, émotionnel et cognitif de l’enfant. Pourtant ceux-ci sont essentiels car ils ont un retentissement important sur les performances scolaires de notre progéniture. Un enfant qui dort bien est un enfant qui apprend mieux. On vous explique en détail pourquoi.

Le cerveau a besoin de dormir pour grandir

Le sommeil occupe une fonction majeure dans les grandes étapes de la maturation cérébrale, depuis la vie in utero jusqu’au début de l’âge adulte [1]. La maturation cérébrale débute dans les régions sensorielles les plus postérieures du cerveau et se termine vers 25 ans dans les régions frontales, les plus antérieures de notre cerveau. Or les troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveils fréquents, ronflements, apnées du sommeil...) impactent la maturation cérébrale de l’enfant. Il en est de même lorsque les heures de sommeil sont insuffisantes, par exemple en cas de coucher tardif.

Une étude américaine a récemment mis en évidence l’impact à long terme du manque de sommeil dans le développement cérébral et cognitif de l'enfant [2]. Les enfants de 9 à 10 ans dormant moins de 9 heures par nuit présentent des différences significatives dans certaines zones du cerveau responsables de l'attention, de la mémoire et de l'inhibition, par rapport aux enfants dorment les 9 à 12 heures recommandées par nuit. Leur cerveau a moins de matière grise ou un volume plus petit. Autrement dit : le cerveau a besoin de dormir pour grandir. Deux ans plus tard, ces différences sont encore observables, suggérant des dommages à long terme chez les enfants qui ne dorment pas assez, souligne cette étude.
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Les troubles du sommeil sont fréquents durant l'enfance

Or les troubles du sommeil de l’enfant et de l’adolescent affectent près de 30% des enfants [3]. Il peut s’agir de :
  • troubles d’initiation ou du maintien du sommeil,
  • insomnies
  • parasomnies (cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme, rythmies du sommeil, etc…),
  • hypersomnies (hypersomnies idiopathiques, narcolepsies),
  • troubles du rythme circadien

Selon une enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV)/MGEN réalisée en 2022 sur le sommeil des enfants de moins de 10 ans et leurs parents, 24 % des parents interrogés rapportent un trouble du sommeil chez leur enfant. Ce chiffre augmente à 32 % chez les parents d’enfants de moins de 3 ans. Les cauchemars récurrents (parasomnies) et les ronflements (troubles respiratoires) sont les deux troubles les plus cités par les parents dans cette enquête.

Une majorité d’enfants en privation de sommeil

En outre, alors même qu’une écrasante majorité de parents déclarent accorder une forte importance au sommeil de leur enfant (9,2 parents sur 10), les résultats de cette enquête révèlent que, au regard des horaires de lever et coucher des enfants rapportés, beaucoup d’enfants sont en privation de sommeil :

  • 76% des enfants de 6 mois à 3 ans dorment moins de 11 heures par nuit en semaine,
  • 36% des 3-6 ans dorment moins de 10 heures par nuit en semaine,
  • 11% des 6-10 ans dorment moins de 9 heures par nuit en semaine.

Des couchers trop tardifs

Pourquoi une telle carence de sommeil ? Le coucher des enfants apparaît trop tardif. En effet 38% des enfants se couchent après 21h en semaine. Cette proportion monte à 67% le week-end. 52% des enfants et 45% des moins de 3 ans ont des horaires irréguliers de lever et de coucher ce qui est contraire aux recommandations scientifiques. On observe déjà un décalage de phase le week-end chez ces enfants. Ils se lèvent plus tard, se couchent plus tard en fin de semaine alors qu’à la différence des adolescents, cela ne correspond chez eux à aucun besoin physiologique.

Les troubles cognitifs perturbent les apprentissages

Troubles du sommeil et privation de sommeil sont également susceptibles de favoriser l’apparition de troubles cognitifs, émotionnels et comportementaux. Les troubles du sommeil, quels qu’ils soient, se font sentir le jour : troubles d’attention, risque d’accidents, perturbation des apprentissages scolaires [4].
En effet, le sommeil intervient dans la consolidation des processus mnésiques [5] (la mémoire), ce qui explique en grande partie les difficultés cognitives générées par les troubles du sommeil. Ces difficultés cognitives ont des répercussions sur les apprentissages académiques.
Dans la cohorte américaine précédemment citée, les enfants de 9 ans et 10 ans qui dorment insuffisamment présentent plus de difficultés cognitives en matière de résolution de problème et de prise de décision. La durée de sommeil a bien un impact sur les fonctions exécutives. De bonnes nuits de sommeil vont de pair avec un meilleur contrôle de soi, une meilleure flexibilité cognitive, ainsi que de meilleures capacités de mémoire de travail.
Sommeil, trouble psychiques et apprentissage
Un enfant qui dort mal ou qui ne dort pas assez ne présente pas nécessairement les mêmes signes cliniques qu’un adulte (sujet à la somnolence et à la baisse de vigilance). L’enfant, lui, se montera plus vraisemblablement irritable, hyperactif ou encore inattentif.

L’apnée du sommeil chez l’enfant

Les enfants souffrant de troubles respiratoires du sommeil, comme le syndrome d’apnées du sommeil (SAHOS) qui bouleverse les cycles du sommeil en provoquant des micro-éveils nocturnes, sont particulièrement susceptibles de présenter des comportements hyperactifs. Une prise en charge adaptée, notamment par ablation des amygdales et/ou des végétations, permet de réduire, voire d’éliminer ces troubles cognitifs et comportementaux.
La santé mentale en question
Les troubles du sommeil ont également des conséquences en termes de santé mentale chez l’enfant. Ils génèrent :
  • des troubles du comportement,
  • des troubles de l’humeur,
  • une labilité émotionnelle.

Ils constituent également un facteur de risque de troubles dépressifs [6]. Les enfants qui souffrent d’un manque de sommeil présentent davantage de troubles de santé mentale (dépression, anxiété, comportements impulsifs) [7].
Ces troubles psychiques peuvent entraîner des problèmes de sommeil, qui viennent intensifier les perturbations émotionnelles, créant un cercle vicieux. En outre, ces troubles psychiques ont des conséquences directes sur la scolarité des enfants. Un enfant anxieux, déprimé est moins attentif en classe et moins performant. C’est l’effet boule de neige, dont il est alors urgent de traiter la cause.


Ce qu’il faut retenir :
  • Le sommeil occupe une place cruciale dans le développement cérébral, émotionnel et cognitif de l’enfant.
  • Un sommeil de qualité est l’une des conditions de la réussite scolaire.
  • Les troubles du sommeil nuisent au développement cérébral des enfants et favorisent l’apparition de troubles cognitifs et psychiques.
Sources

[1] Guilleminault C, Tilkian A, Dement WC. The sleep apnea syndromes. Annu Rev Med (1976) 27, p. 465-484.
[2] Ze Wang, PhD et al., Children Who Lack Sleep May Experience Detrimental Impact on Brain and Cognitive Development That Persists Over Time, Lancet Child and Adolescent Health, 2022
[3] Lecendreux, M., Dossier troubles du sommeil de l’enfant , .(2007), Réalités pédiatriques n° 124, p.7.
[4] Patients identifiés par l’assurance maladie en 2019, chiffres du ministère de la Santé et de la Prévention
[5] Marshall, L. et Born,J., The contribution of sleep to hippocampus-dependent memoryconsolidation,Treds in cognitive sciences, (2007) vol. 11, n° 10, 442-450.
[6] Chaix, Y, Sommeil de l’enfant, Du normal au pathologique : quand s’inquiéter ?,
La Revue du Praticien Médecine Générale, (2023), 37(1076), p.175-80
[7] Ze Wang, PhD et al., Children Who Lack Sleep May Experience Detrimental Impact on Brain and Cognitive Development That Persists Over Time, Lancet Child and Adolescent Health, 2022
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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