Âge et apnée du sommeil : une équation à plusieurs inconnues

Avec l'âge, nos habitudes de sommeil changent naturellement et les problèmes liés au sommeil deviennent plus fréquents. Parmi les troubles du sommeil, l'apnée du sommeil devient de plus en plus fréquente avec l'âge, touchant près de 30 % des personnes de plus de 65 ans. Bien que l'âge soit considéré comme un facteur de risque pour l'apnée du sommeil, celle-ci n'affecte pas seulement les adultes plus âgés : ce trouble du sommeil peut toucher des personnes de tous les groupes d'âge, souvent pour des raisons différentes.

L’apnée du sommeil concerne près de 5 % des Français [1]. Au-delà des patients clairement identifiés, de nombreuses autres personnes sont susceptibles d’en souffrir. En effet ce trouble respiratoire du sommeil est largement sous-diagnostiqué, notamment en raison de sa méconnaissance des médecins généralistes [2].

Avec l'âge, plusieurs changements dans notre corps contribuent à augmenter le risque de développer une apnée du sommeil. Voici les principales raisons pour lesquelles l'âge est considéré comme un facteur important :

• Perte de tonus musculaire des voies respiratoires

Avec l'âge, les muscles de la gorge et des voies aériennes supérieures s'affaiblissent, ce qui les rend plus susceptibles de s'affaisser pendant le sommeil. Cela peut conduire à des blocages partiels ou complets, entraînant une apnée obstructive du sommeil. La recherche montre que cette perte de tonus musculaire fait naturellement partie du processus de vieillissement et qu'elle augmente considérablement la probabilité d'interruptions de la respiration pendant le sommeil [5].

• Changements dans la répartition des graisses

Les personnes âgées ont tendance à accumuler de la graisse autour du cou et des voies respiratoires supérieures, ce qui peut rétrécir les voies respiratoires. Des études ont montré que même une légère augmentation de la circonférence du cou est associée à un risque plus élevé de SAOS, en particulier chez les personnes âgées de plus de 65 ans.

• Diminution du contrôle neuronal de la respiration

Le vieillissement affecte la capacité du cerveau à réguler la respiration pendant le sommeil. Les signaux neuronaux responsables du maintien de l'ouverture des voies respiratoires peuvent s'affaiblir, entraînant des pauses respiratoires. L'apnée centrale du sommeil, où le cerveau cesse temporairement d'envoyer des signaux aux muscles respiratoires, devient également plus fréquente avec l'âge.

• Changements hormonaux

Chez les femmes, les changements hormonaux après la ménopause jouent un rôle important. La baisse des œstrogènes et de la progestérone, hormones qui contribuent à maintenir le tonus musculaire des voies respiratoires, accroît leur susceptibilité à l'apnée du sommeil.

• Prévalence accrue des maladies chroniques

Les maladies telles que l'obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires deviennent plus fréquentes avec l'âge et sont étroitement liées à l'apnée du sommeil. Ces affections peuvent exacerber l'obstruction des voies respiratoires ou perturber les schémas respiratoires.

• Modification de l'architecture du sommeil

Les personnes âgées ont souvent un sommeil plus léger et des réveils plus fréquents. Elles sont donc plus sensibles aux effets des épisodes d'apnée, qui peuvent perturber davantage le sommeil réparateur et entraîner une fatigue diurne excessive.