Zoom sur l’apnée centrale du sommeil

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Article mis a jour le 16.09.2024
L’apnée centrale du sommeil est un trouble neurologique qui touche une minorité de patients apnéiques, le plus souvent asymptomatiques. Elle regroupe une large famille de troubles et est dépistée par un test du sommeil : la polysomnographie.

Dans le monde, l’apnée du sommeil concerne un milliard d’adultes âgés entre 30 et 69 ans [1]. La très grande majorité d’entre eux expérimentent une apnée obstructive du sommeil (SAHOS), une pathologie respiratoire du sommeil très courante, dans laquelle l'obstruction des voies respiratoires restreint le flux d’air.

Une petite minorité d’entre eux, 0,9 % des patients [2], souffrent quant à eux d’une apnée centrale du sommeil (syndrome d’apnées du sommeil centrale ou SACS), générée par un dysfonctionnement du contrôle de la respiration par le cerveau. Bien que l'apnée centrale du sommeil soit moins fréquente, ses symptômes subtils peuvent rendre difficile sa reconnaissance.

Des symptômes difficiles à détecter

Le dormeur n’est pas nécessairement conscient de son trouble respiratoire. L'apnée centrale du sommeil est le plus souvent asymptomatique [3]. Seuls les partenaires du dormeur peuvent remarquer :
  • des pauses respiratoires longues et calmes,
  • des respirations superficielles,
  • une augmentation de l’amplitude et du rythme des mouvements respiratoires (hyperpnée),
  • un sommeil agité.

D’autres symptômes peuvent être présents :

Cause de l'apnée centrale du sommeil

Le SACS est causé par une dysfonction de la commande cérébrale respiratoire. Celle-ci est placée dans une partie du cerveau spécifique : le tronc cérébral. Il est situé au niveau du cou, sous les hémisphères cérébraux, en avant du cervelet, dans le prolongement de la moelle épinière.

Le système respiratoire correspond à une boucle de régulation fermée qui vise à maintenir la composition adéquate du sang en oxygène et en gaz carbonique (homéostasie). Le contrôle de la ventilation implique des récepteurs périphériques et centraux sensibles à l’oxygène (O2) et au gaz carbonique (CO2) [4]. Le tronc cérébral est très sensible aux variations des taux sanguins de dioxyde de carbone. Lorsque le niveau cible de CO2 est dépassé à la hausse, on parle d’hypercapnie. À la baisse, on évoque une hypocapnie.
Quand le taux de CO2 est élevé, le tronc cérébral commande aux muscles respiratoires de respirer plus profondément et plus rapidement pour expirer le CO2 (hyperventilation), et inversement lorsque ce taux est faible (hypoventilation).
Dans l’apnée centrale du sommeil, le tronc cérébral ne répond pas de manière adaptée aux variations du taux de dioxyde de carbone.

Prenez 3 minutes pour évaluer votre risque d'apnée du sommeil

Pourquoi souffre-t-on d’apnée centrale du sommeil ?

On distingue deux grandes familles de SACS, selon qu’elles sont associées ou non à une hypercapnie (niveau de CO2 dans le sang trop élevé).

Dans le groupe des SACS sans hypercapnie on trouve :
  • Respiration de Cheyne Stokes (alternance d’hyper et d’hypo-ventilation), souvent associée à une insuffisance cardiaque,
  • Situation d’hypoxie en haute altitude,
  • SACS idiopathique (sans cause trouvée).

Dans le groupe des SACS avec hypercapnie, on regroupe de nombreuses pathologies :
  • Apnée centrale congénitale du nouveau-né (syndrome d’Ondine),
  • Tumeurs du tronc cérébral,
  • Prise d’opioïdes (méthadone, notamment),
  • Syndrome d’obésité-hypoventilation,
  • Myasthénie,
  • Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA),
  • Myopathie…

Facteurs de risque de l'apnée centrale du sommeil

Vous pouvez être plus exposé au risque d'apnée centrale du sommeil si vous :

  • 60 ans ou plus, car le vieillissement affecte la façon dont le cerveau contrôle la respiration pendant le sommeil.

  • Vous êtes un homme, car les hommes sont plus susceptibles de développer une apnée centrale du sommeil que les femmes.

  • Vous souffrez de troubles cardiaques tels que l'insuffisance cardiaque congestive ou la fibrillation auriculaire.

  • Vous souffrez de troubles neurologiques tels qu'un accident vasculaire cérébral, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou la myasthénie grave.

  • Utiliser des analgésiques opioïdes ou souffrir de troubles liés à l'utilisation d'opioïdes [5].

  • Souffrir de maladies héréditaires telles que le syndrome de Rett, le syndrome de Prader-Willi ou le syndrome d'hypoventilation centrale congénitale.

  • Souffrir d'apnée du sommeil ou de faibles niveaux d'oxygène (hypoxémie) apparus sous l'effet du traitement.

Diagnostic de l'apnée centrale du sommeil

Le diagnostic du SACS se base d’abord sur les signes cliniques. Si un SACS est soupçonné, il doit être confirmé par des tests du sommeil. Il s’agit d’une polysomnographie réalisée à domicile avec un équipement portable ou bien dans un laboratoire du sommeil. Dans certains cas, une imagerie cérébrale ou du tronc cérébral ou encore une gazométrie artérielle (mesure des gaz du sang) pourront venir compléter l’examen.

Pendant la polysomnographie, vous êtes connecté à un équipement qui surveille votre activité cardiaque, pulmonaire et cérébrale, votre respiration, les mouvements de vos bras et de vos jambes, ainsi que votre taux d'oxygène dans le sang pendant votre sommeil.

L'examen du sommeil ne permet pas seulement de diagnostiquer l'apnée centrale du sommeil. Il permet également d'écarter d'autres troubles du sommeil, tels que l'apnée obstructive du sommeil, les mouvements répétitifs pendant le sommeil ou la narcolepsie [6].

Le traitement de l’apnée centrale du sommeil

En première intention, pour traiter l'apnée centrale du sommeil, il convient d’abord de soigner au mieux les pathologies sous-jacentes identifiées. Il convient également de réduire ou supprimer la consommation d’alcool, d’opiacés et de sédatifs [7]. En seconde intention, il est possible de supplémenter en oxygène les patients asymptomatiques. Les patients symptomatiques pourront se voir prescrire une ventilation non invasive en pression positive peut être indiquée [8].

Systèmes de pression positive d'air (PAP) qui préviennent les symptômes de l'apnée du sommeil. Les systèmes de pression positive comprennent


Celle-ci doit être évitée en cas d’insuffisance cardiaque, notamment en cas de fraction d'éjection ventriculaire gauche altérée [9]. Une stimulation électrique du diaphragme peut également être envisagée [10].

À retenir:
  • Le SACS est nettement moins fréquent que le SAHOS. Cependant, l’apnée centrale du sommeil n’est pas rare. On la retrouve chez environ 0,9 % des patients souffrant d’apnée.
  • L’apnée centrale du sommeil regroupe plusieurs pathologies se traduisant par une dysfonction de la commande respiratoire et une difficulté à respirer sans obstruction des voies respiratoires.
  • Le SACS est le plus souvent asymptomatique et doit être diagnostiqué au moyen d’une polysomnographie.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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Sources
[1] Benjafield A. et al. , Estimation of the global prevalence and burden of obstructive sleep apnoea: a literature-based analysis, Lancet Respir Med. 2019 Aug; 7(8), p.687–698
[2] Donovan LM, Kapur VK: Prevalence and characteristics of central compared to obstructive sleep apnea: analyses from the sleep heart health study cohort. Sleep 39(7): (2016), p.1353-1359.
[3] Frija-Masson, J. et al. Syndrome d’apnées centrales du sommeil, Vol 46 (4) (2017), p. 413-422,
[7] Dempsey, JA: Central sleep apnea: misunderstood and mistreated , 2019, Rev-981.
[8] Pinto ACPereira Nunes, Rocha A, Drager LF, Lorenzi-Filho G, Pachito DV, Non-invasive positive pressure ventilation for central sleep apnoea in adults., Cochrane Database of Systematic Reviews 2022, Issue 10.
[9] Etude Serve-HF de 2025
[10] Schwartz AR, Sgambati FP, James KJ, et al., Novel phrenic nerve stimulator treats Cheyne-Stokes respiration: polysomnographic insights. J Clin Sleep Med (2020) 16(5), p. 817–820.
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