L’apnée du sommeil : c’est quoi au juste ?

Article mis a jour le 15.06.2023
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L’apnée du sommeil est une pathologie fréquente aux conséquences délétères pour la santé, au point de devenir un enjeu de santé publique de taille. Son individualisation est relativement récente — les années 1970 – mais la connaissance de troubles respiratoires contemporains remonte à l’Antiquité.

Le syndrome d’apnées-hypopnées du sommeil (SAHOS) est connu et scientifiquement défini depuis seulement quelques décennies : les premières publications relatives aux troubles respiratoires au cours du sommeil apparaissent dans les années 1970, et c’est un neurologue et psychiatre français, le professeur Christian Guilleminault, qui définit pour la première fois le SAHOS en 1976 [1] – Cocorico ! Jusque-là, l’apnée du sommeil était considérée comme une pathologie rare et relativement bénigne.

Un masque de plongée et un moteur d’aspirateur

C’est à l’autre bout du monde, en Australie, qu’émerge une solution en 1981 : la machine à pression positive continue par voie nasale (PPC), toujours utilisée de nos jours. Pour son prototype, le docteur Colin Sullivan se sert d’un masque de plongée et d’un moteur d’aspirateur, et décrit les effets positifs de sa machine dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet [2]. L’invention digne d’un parfait Géo Trouvetou est appelée à connaître un succès considérable. Jusqu’alors la trachéotomie – une ouverture chirurgicale pratiquée dans la trachée – constituait le seul traitement connu de l’apnée du sommeil ! Sympa…

Petit glossaire de l’apnée du sommeil

  • Apnée vient du grec : « a » privatif et « pnein », respirer. C’est une suspension de la respiration. Elle consiste en un arrêt du débit aérien naso-buccal pendant au moins 10 secondes.

  • Hypopnée : elle consiste en une diminution quantitative du flux aérien d’au moins 50 % pendant environ 10 secondes. Elle est associée à une diminution de la saturation pulsée en oxygène (SpO2) de plus de 3 % et/ou à un micro-éveil [3].

  • Micro-éveil : il est provoqué par l’augmentation brutale de l’effort respiratoire. Cet événement transitoire ne réveille pas le patient consciemment en général, mais entraîne une fragmentation du sommeil qui peut être responsable d’une somnolence diurne plus ou moins importante.
Dans la famille des apnées, on distingue :

  • les apnées obstructives par obstruction des voies aériennes supérieures (VAS), qui constituent 90 % des cas et lors desquelles il existe une persistance d’efforts ventilatoires (mesurée par les sangles thoracique et abdominale) [4] ;

  • les apnées centrales (commandées par le cerveau), qui constituent moins de 10 % des cas et où les efforts ventilatoires sont absents [5] ;

  • les apnées mixtes, rares, qui débutent comme une apnée centrale, mais se terminent avec des efforts ventilatoires [6].
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Dr Thierry CASTERA, médecin du sommeil

La respiration est gênée

Le SAHOS correspond à une obstruction intermittente des voies aériennes supérieures. Il se traduit par une diminution du flux aérien naso-buccal (hypopnée) ou par une interruption de ce flux (apnée) pendant le sommeil, avec conservation des mouvements respiratoires thoraco-abdominaux.

La pathologie est définie à partir des critères de l’American Academy of Sleep Medicine Task Force établis en 1999 [7] (Sleep, 1999). Ces derniers ont été repris dans les recommandations de la Société de pneumologie de langue française (Revue des maladies respiratoires, 2010).
  1. Premier critère : une somnolence diurne excessive non expliquée par d’autres facteurs.
  2. Au moins deux autres critères présents dans la liste suivante et non expliqués par d’autres facteurs :
  • des ronflements sévères et quotidiens,
  • une sensation d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil,
  • un sommeil non réparateur,
  • une fatigue diurne,
  • des difficultés de concentration,
  • une nycturie (plus d’une miction par nuit).
3. Dernier critère : au moins 5 apnées ou hypopnées par heure de sommeil, soit un index d’apnées hypopnées (IAH) supérieur ou égal à 5.
apnee du sommeil

Un syndrome fréquent

Près de 5 % des Français souffrent d’apnée du sommeil [8], [9], cette pathologie chronique est donc plus fréquente qu’il n’y paraît. Un patient sur vingt-cinq consultants en cabinet de médecine générale est susceptible d’en être atteint [10], ce qui fait qu’un médecin généraliste de ville serait en mesure de recevoir en consultation un patient apnéique par jour en moyenne [11].

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Enjeu de santé publique

Pathologie courante, le SAHOS occasionne des complications cardiovasculaires et neuropsychiques graves. De plus, la somnolence diurne induite par cette pathologie conduit à un risque d’accident plus élevé [12]. En effet, le sommeil des personnes souffrant de ce syndrome est si peu récupérateur qu’il double le risque d’accidents de la route pour les conducteurs apnéiques. Aucun doute : le SAHOS représente un enjeu majeur de santé publique. Malheureusement, cette pathologie reste encore méconnue, notamment des médecins généralistes [13].

Ce qu’il faut retenir :

  • Le SAHOS est un trouble respiratoire du sommeil.
  • Le SAHOS est une pathologie courante. Près de 5 % des Français en souffrent.
  • Le SAHOS est sous-diagnostiqué alors même qu’il est associé à des complications cardiovasculaires et neuropsychiques graves.
Sources

[1] https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/conseil_scientifique_education_nationale
[2] Sullivan CE, Issa FG, Berthon-Jones M, Eves L., Reversal of obstructive sleep apnoea by continuous positive airway pressure applied through the nares, Lancet, vol. 18, 1, n° 8225,‎ (1981), p. 862-5
[3] Gueran, M., Le syndrome d’apnées du sommeil en médecine générale : état des lieux des pratiques, freins à la prise en charge et au suivi. Enquête descriptive auprès de 118 médecins généralistes de la région Ile-de-France, (2015), thèse, Université Paris Diderot -Paris 7.
[4] Gueran, M., Le syndrome d’apnées du sommeil en médecine générale: état des lieux des pratiques, freins à la prise en charge et au suivi. Enquête descriptive auprès de 118 médecins généralistes de la région Ile-de-France, (2015), thèse, Université Paris Diderot -Paris 7.
[5] Gueran, M., Le syndrome d’apnées du sommeil en médecine générale: état des lieux des pratiques, freins à la prise en charge et au suivi. Enquête descriptive auprès de 118 médecins généralistes de la région Ile-de-France, (2015), thèse, Université Paris Diderot -Paris 7.
[6] Gueran, M., Le syndrome d’apnées du sommeil en médecine générale: état des lieux des pratiques, freins à la prise en charge et au suivi. Enquête descriptive auprès de 118 médecins généralistes de la région Ile-de-France, (2015), thèse, Université Paris Diderot -Paris 7.
[7] American Academy of Sleep Medicine Task Force. Sleep-related breathing disorders in adults: recommendations for syndrome definition and measurement techniques in clinical research. Sleep (1999), 22, p.667-689.
[8] 4,9% de personnes déclarent souffrir d’un SAHOS, Le syndrome d’apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH 44-45, 20 novembre 2012, p. 511.
[9] L’apnée obstructive du sommeil (SAHOS) constitue la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l’apnée centrale du sommeil (ACS).
[10] Gueran, M., Le syndrome d’apnées du sommeil en médecine générale: état des lieux des pratiques, freins à la prise en charge et au suivi. Enquête descriptive auprès de 118 médecins généralistes de la région Ile-de-France, (2015), thèse, Université Paris Diderot -Paris 7.
[11] Pépin JL, Lévy P. Syndrome d’apnées du sommeil : état des lieux des connaissances des médecins généralistes. Rev Mal Respir (2002); 19, p. 685-688.
[12] American Academy of Sleep Medecine (AASM). International classification of sleep disorders. Third Edition. Darien, Ilinois, USA, AASM edition; 2014.
[13] Gueran, M., Le syndrome d’apnées du sommeil en médecine générale: état des lieux des pratiques, freins à la prise en charge et au suivi. Enquête descriptive auprès de 118 médecins généralistes de la région Ile-de-France, (2015), thèse, Université Paris Diderot -Paris 7.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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