Apnée du sommeil et dépression, une liaison dangereuse

Article mis a jour le 24.01.2023
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Plus de doute : les liens entre dépression et apnée du sommeil sont désormais établis – l'une peut d'ailleurs masquer l'autre, et vice versa. Ça vous parle ? On décortique et on vous aiguille.

La dépression touche près d'un Français sur dix : chaque année, 9,8 % des personnes âgées de 18 à 75 ans vivent un épisode dépressif caractérisé (EDC) [1], et environ 8 millions de Français souffrent de symptômes dépressifs...

Des troubles dépressifs en hausse

Ces chiffres sont en hausse. En 2005, ils n'étaient que 7,8% à avoir souffert d'un EDC, soit 3 millions de Français [2]. La prévalence de ce mal a augmenté de 1,8 point entre 2010 et 2017 [3]. La crise de la Covid-19 et son impact négatif sur la santé mentale devraient malheureusement accroître cette proportion, comme le suggèrent les premiers résultats de la Collaborative Outcomes study on Health and Functioning during Infection Times (COH-FIT) en cours.

Certaines populations sont plus touchées que d'autres : les femmes, par exemple, sont deux fois plus susceptibles de souffrir de dépression que les hommes. Les autres facteurs de risques sont l'inactivité professionnelle, un faible niveau de revenus, les ruptures conjugales (veuvage, séparation) et un âge inférieur à 45 ans.
La poule ou l'œuf ?
Les principaux symptômes de la dépression sont connus – humeur maussade, diminution de l'intérêt pour des activités appréciées jusqu'alors, baisse d'énergie, augmentation de la fatigabilité… – et doivent, pour caractériser un EDC, être présents pendant au moins deux semaines consécutives, constituer un changement par rapport au fonctionnement antérieur et générer une détresse significative [4].

Peuvent également indiquer un trouble dépressif la perte de confiance en soi ou de l'estime de soi, la diminution de l'aptitude à se concentrer, des pensées suicidaires, la modification de l'appétit ou encore… la perturbation du sommeil [5].

À l'inverse, ne pas dormir suffisamment – ou insuffisamment bien – favorise les troubles de l'humeur (tristesse, nervosité…). Certaines études en font même un facteur causal de la dépression, surtout si cela s'étend sur plusieurs années. Difficultés à s'endormir, sommeil peu réparateur, réveils précoces, épisodes d'insomnie ou d'hypersomnie, apnée du sommeil : moins on dort, pire on se sent ; pire on se sent, moins on dort… et nous voilà en train de bailler dans ce qui ressemble bien à un cercle vicieux.

Pour couronner le tout, le sommeil perturbé augmente également les risques de troubles mentaux : ainsi, une grande majorité d'enfants présentant un trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) souffrent de troubles du sommeil [6], et près d'une personne schizophrène sur deux [7].

L'apnée du sommeil, une piste prometteuse

Aujourd’hui, les scientifiques s’intéressent tout particulièrement aux liens entre apnée
de sommeil et dépression. Près de 5 % des Français souffrent d’apnée du sommeil
(syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil, ou SAHOS) [8], [9] laquelle se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration pendant la nuit.

Malheureusement, l’apnée du sommeil est courante, mais sous-diagnostiquée : seuls
2,4 % des Français ont reçu un diagnostic de SAHOS, et seulement 15 % d’entre eux ont pu bénéficier d’un enregistrement du sommeil afin d’objectiver les difficultés
suspectées, par polysomnographie.

Apnée du sommeil et dépression sont intimement liées

Les recherches ont montré que chez les patients atteints d'EDC, la prévalence de l'apnée du sommeil est multipliée par deux [10]. À l'inverse, un patient apnéique sur deux présents des symptômes de dépression [11]. Il y a donc un risque accru de développer une dépression en relation avec le développement ou l'aggravation d'un SAHOS, et plus sévère est-ce dernier plus haute est la probabilité de la développer [12], évidemment.

Ainsi, le risque de souffrir d'une dépression est 1,6 fois plus fréquent chez les patients souffrant d'une apnée du sommeil normale (1 à 5 apnées par heure de sommeil). Ce risque est multiplié par 2 pour les patients souffrant d'une apnée du sommeil de gravité légère (5 à 15 apnées par heure) et par 2,6 chez les patients souffrant d'une apnée du sommeil de gravité modérée (plus de 15 apnées par heure) à sévère (plus de 30).
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Dr Thierry CASTERA, médecin du sommeil
L'effet boule de neige
L'apnée du sommeil et la dépression peuvent entrainer, l'une comme l'autre des pathologies aux nombreux points communs ou qui auraient l'impolitesse de se cumuler.

En perturbant l'architecture du sommeil, le SAHOS fait planer un danger sur la santé, tant physique que mentale. Concrètement, de quoi parle-t-on ? Altération de la mémoire [13], détérioration des fonctions cognitives [14], sautes d'humeur et dégradation de la qualité du sommeil. La liste est longue et compte, à long terme, l'élévation de la pression artérielle et le développement d'une maladie cardiovasculaire. Oui, ça fait beaucoup.

De son côté, la dépression n'est pas moins inoffensive. Les personnes qui en sont atteintes sont plus susceptibles de développer des maladies psychosomatiques, cardiovasculaires, infectieuses, etc… La note est salée et appelle à prendre cette maladie très au sérieux.
L'arbre qui cache la forêt
Cerise sur le gâteau : on sait maintenant que des symptômes dépressifs peuvent masquer un trouble apnéique. Dans des cas de troubles dépressifs importants accompagnés d'une résistance aux antidépresseurs, des chercheurs ont constaté 15 % de cas d'apnée du sommeil non diagnostiquée. La plupart de ces personnes ne correspondaient pas au profil type du patient apnéique : il s'agissait de femmes à l'IMC normal et qui ne rapportaient que de simples symptômes d'insomnie [15]. Une révélation qui a surpris la communauté scientifique.

Alors que faire ?

De manière générale, chouchoutez votre sommeil autant que possible – il est l'un des piliers de votre bien-être. Si vous souffrez de troubles dépressifs, prenez le temps d'interroger vos habitudes de sommeil : vous êtes peut-être atteint du syndrome d'apnée du sommeil.

Bonne nouvelle : des solutions existent pour sortir de ce cauchemar. Chez SleepDoctor, nous avons développé un parcours médical optimal, avec des téléconsultations et un examen à domicile, pour vous aider à diagnostiquer et traiter vos troubles du sommeil. Commencez notre test de dépistage de l'apnée du sommeil en 3 minutes.
Sources
[1] INPES, Baromètre Santé 2017
[2] INPES, Baromètre Santé 2005
[3] INPES, Baromètre Santé 2017
[4] Définition de l'EDC selon la CIM-10 de l'OMS
[5] Définition de l'EDC selon la CIM-10 de l'OMS
[6] TDAH, somnolence et troubles du sommeil, Bioulac, S. et al., dans Trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité de l'enfant à l'adulte, 2016, Dunod, p.170-180.
[7] Sleep disturbances in patients with schizophrenia : impact and effect of antipsychotics, Cohrs S. CNS Drugs. 2008, 22(11), p.939–962.
[8] 4,9% de personnes déclarent souffrir d'un SE-SAHOS, Le syndrome d'apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH 44-45, 20 novembre 2012, p. 511.
[9] L'apnée obstructive du sommeil (SAOS) constituent la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l'apnée centrale du sommeil (ACS)
[10] The prevalence and predictors of obstructive sleep apnea in major depressive disorder, bipolar disporder and schizophrenia, B. Stubbs et al. J. Affect. Disorder, juin 2016, 197, p. 259-267
[11] Depression as a manifestation of obstructive sleep apnea, R.P. Millman et al., J.Clin. Psychiatry, sept. 89, 50 (9) p. 348-351
[12] Longitudinal association of sleep related-breathing disoerder and depression Peppard et al. Arch. Intern Med., sept. 2006, 166(16), p. 1709-17015
[13] Autobiographical Memory From Different Life Stages in Individuals With Obstructive Sleep Apnea, N. Delhikar et al., J Int Neuropsychol Soc, 30 janvier 2019.
[14] Obstructive Sleep Apnea and CPAP on cognitive functions, G. Seda et al., Curr Neurol Neurosci Rep. mai 2021, 21(7), P. 32
[15] Prévalence of obstructive sleep apnea in suicidal patients with major depressive disorder, W.V. Mc Call et al., Journal of Psychiatric Research, Vol. 116, sep.2019, p. 147- 150.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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