Quels liens entre les anti-dépresseurs et l'apnée du sommeil ?

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Article mis a jour le 13.08.2024
Principaux enseignements
  • Les antidépresseurs peuvent provoquer des épisodes d’apnée centrale du sommeil.
  • Les antidépresseurs peuvent générer un SAHOS.
  • Les Benzodiazépines provoquent les mêmes effets secondaires que le SAHOS en matière d’apnée du sommeil.
  • Un antidépresseur, la réboxétine, vient récemment d’être identifié comme une piste prometteuse pour lutter contre l’apnée du sommeil.
Contrairement aux idées reçues, sommeil et antidépresseurs ne font pas toujours bon ménage. Cette classe de médicament couramment prescrite, comme certains anxiolytiques, peut provoquer un trouble respiratoire du sommeil : l’apnée du sommeil.

Plus d’un Français sur 5 a déjà pris un antidépresseur. Ces médicaments qui font partie de la catégorie psychotropes agissent sur le psychisme. Schématiquement, les antidépresseurs ont une activité sur les neurotransmetteurs monoaminergiques présents dans le cerveau comme la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine. Ils sont indiqués pour les troubles d’humeur comme la dépression, mais également pour des troubles anxieux, des troubles obsessionnels compulsifs, des troubles du sommeil, même des douleurs neurologiques (ATC) sans que les scientifiques comprennent parfaitement comment ils agissent.

Comme tous les médicaments, les antidépresseurs peuvent avoir des effets secondaires. Ils sont notamment susceptibles d’être à l’origine de troubles respiratoires du sommeil comme l’apnée du sommeil [1]. On vous explique pourquoi.

Les antidépresseurs peuvent provoquer des épisodes d’apnée centrale du sommeil

Les centres respiratoires sont des centres nerveux localisés dans le tronc cérébral qui ont pour fonction de stimuler le mouvement respiratoire et d’adapter sa fréquence en fonction du besoin en oxygène et de la quantité de gaz carbonique à évacuer du sang. Lorsque ces centres dysfonctionnent ou lorsqu’ils reçoivent des informations perturbées, la respiration n'est plus stimulée, ce qui peut conduire à l'insuffisance respiratoire. Or, les antidépresseurs peuvent avoir une action sur ces centres respiratoires en les déprimant (oui, oui vous avez bien lu… mais cela ne veut pas pour autant dire pas dire que prendre un antidépresseur est déprimant). L’effet dépresseur des antidépresseurs sur le système respiratoire est d’ailleurs bien connu des médecins. C’est pourquoi ils peuvent être à l’origine d’épisodes d’apnée centrale du sommeil (ACS).

Bon à savoir : Les médicaments de la famille des benzodiazépines prescrits contre l’anxiété comme le Xanax, le Tranxene, le Valium etc... qui peuvent par ailleurs être prescrits dans le cadre de troubles du sommeil ont le même effet dépresseur sur les centres respiratoire que les antidépresseurs. Les benzodiazépines sont donc eux aussi susceptibles de générer des épisodes d’apnée centrale du sommeil.

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Les antidépresseurs peuvent provoquer des épisodes d’apnée obstructive du sommeil

Autre effet secondaire bien documenté des antidépresseurs : la prise de poids [2]. Ces prises de poids peuvent avoir pour conséquence des apnées obstructives du sommeil ou syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), un trouble qui se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration pendant la nuit. Le SAHOS est fréquent et sous diagnostiqué. En effet, près de 5% des Français souffrent d’apnée du sommeil [3], [4].

Bon à savoir :
Là encore, les médicaments de la famille des Benzodiazépines présentent les mêmes effets secondaires que les antidépresseurs. Ces anxiolitiques peuvent favoriser la prise de poids et l’apparition de SAHOS, trouble respiratoire du sommeil. Un comble lorsque l’on sait que les benzodiazépines sont largement prescrites pour lutter contre les troubles du sommeil, comme l’insomnie, par exemple !

Benzodiazépines et apnée du sommeil

Les benzodiazépines, une classe de médicaments souvent prescrits pour traiter l'anxiété et les troubles du sommeil, peuvent avoir un impact négatif sur l'apnée du sommeil. Ces médicaments détendent les muscles, y compris ceux de la gorge, ce qui peut bloquer les voies respiratoires. La recherche montre que les personnes qui consomment actuellement ou récemment des benzodiazépines ont un risque plus élevé de développer une apnée du sommeil que celles qui ont cessé d'en consommer depuis un certain temps. Le risque est encore plus grand pour les personnes qui prennent des doses plus élevées [5].

Si vous souffrez d'apnée du sommeil, il est essentiel de discuter de l'utilisation de benzodiazépines avec votre médecin. Une mauvaise prise en charge pourrait aggraver votre état et augmenter le risque de complications telles que les troubles cardiovasculaires.

Xanax et apnée du sommeil

Le Xanax, un type de benzodiazépine couramment prescrit pour traiter l'anxiété, peut également aggraver l'apnée du sommeil. Comme les autres benzodiazépines, le Xanax déprime le système nerveux central, ce qui peut entraîner un relâchement excessif des muscles de la gorge et obstruer davantage les voies respiratoires pendant le sommeil.

Les personnes qui prennent du Xanax pour dormir ou pour d'autres raisons peuvent rapidement développer une tolérance au médicament. Cela signifie que si le Xanax peut sembler efficace au début, son efficacité diminue avec le temps, ce qui amène les utilisateurs à ressentir le besoin d'augmenter les doses. Une étude a montré qu'après seulement une semaine, les participants ont déclaré que le Xanax était 40 % moins efficace pour le sommeil [6].

Les personnes souffrant d'apnée du sommeil doivent être particulièrement prudentes avec l'utilisation du Xanax. Il est recommandé de discuter de toutes les options de traitement avec un professionnel de la santé afin d'éviter une aggravation potentielle de l'apnée du sommeil. D'autres traitements de l'anxiété, tels que la thérapie ou d'autres types de médicaments, peuvent être envisagés.

Lexomil et l'apnée du sommeil

Comme pour le Xanax et d'autres benzodiazépines, l'utilisation de Lexomil peut exacerber les symptômes de l'apnée du sommeil en favorisant une relaxation excessive des muscles des voies respiratoires. Dans ce cas, il peut être nécessaire de trouver d'autres solutions pour gérer l'anxiété sans aggraver les problèmes respiratoires pendant la nuit.

Une piste prometteuse : un antidépresseur qui traite l'apnée du sommeil ?

Avant de vous jeter le contenu de votre armoire à pharmacie à la poubelle, restez encore un peu avec nous ! En effet, et de façon paradoxale, les scientifiques s’intéressent de près en ce moment à une molécule de la famille des antidépresseurs : la réboxétine. Ce médicament constitue une des pistes actuelles pour lutter contre l’apnée du sommeil. Il permettrait de réduire la sévérité du SAHOS en augmentant le tonus des muscles du muscle pharyngé, en améliorant le contrôle respiratoire et en facilitant l’ouverture des voies aériennes supérieures [7]. Non seulement, il limiterait le nombre d’épisodes d’apnée par nuit mais il augmenterait également le taux d’oxygène dans le sang. Une vraie bonne nouvelle pour tous les patients concernés par ce trouble respiratoire du sommeil.

L'apnée du sommeil et l'anxiété

L'apnée du sommeil serait associée à plusieurs troubles mentaux, dont la dépression, l'anxiété, le stress post-traumatique, la psychose et les troubles bipolaires [8]. Les personnes souffrant d'apnée du sommeil peuvent se réveiller fréquemment pendant la nuit, ce qui entraîne une fatigue chronique et une augmentation de l'anxiété. De plus, l'impossibilité d'avoir un sommeil réparateur peut aggraver les symptômes d'anxiété, créant ainsi un cercle vicieux.

Il est important de consulter un médecin si vous souffrez à la fois d'apnée du sommeil et d'anxiété, car le traitement approprié d'une affection peut aider à soulager l'autre. Des thérapies telles que la thérapie cognitivo-comportementale de l'insomnie (TCC-I) et l'utilisation d'appareils tels que la PPC pour l'apnée du sommeil peuvent être bénéfiques pour améliorer la qualité du sommeil et réduire l'anxiété.
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Sources
[1] Linselle M, et al. « Apnées du sommeil d’origine médicamenteuse » 37es Journées de pharmacovigilance. 19-21 avril 2016. Fundam Clin Pharmacol 2016 ; 30 (suppl.1).
[2] Serretti A., Mandelli L. Antidepressants and body weight: a comprehensive review and meta‑analysis. J Clin Psychiatry (2010), Vol,7, p.1259‑72.
[3] 4,9% de personnes déclarent souffrir d’un SE-SAHOS, Le syndrome d’apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH 44-45, 20 novembre 2012, p. 511.
[4] L’apnée obstructive du sommeil (SAOS) constituent la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l’apnée centrale du sommeil (ACS).
[7] Lim R., The noradrenergic agent reboxetine plus antimuscarinic hyoscine butylbromide reduces sleep apnoea severity: A double-blind, placebo-controlled, randomised crossover trial, The Journal of Physiology (2021), 599, p. 4183-4195