Apnée du sommeil : quelles opérations chirurgicales ?

22.09.2023

Auteur du texte: L'équipe SleepDoctor

L’apnée du sommeil est un trouble grave aux conséquences potentiellement invalidantes. Pour certains patients, une intervention chirurgicale peut être prescrite. Il existe plusieurs solutions chirurgicales contre l'apnée du sommeil adaptées aux problématiques spécifiques de chaque patient.

Imaginez une nuit de sommeil paisible et sans interruption, sans ronflements assourdissants, ni pauses respiratoires angoissantes. Pour des millions de personnes souffrant d'apnée du sommeil, cette idée relève souvent du rêve. Heureusement, la médecine moderne offre une gamme d'interventions chirurgicales ciblées pour traiter ce trouble du sommeil.

Un trouble fréquent et sous-diagnostiqué

Près de 5% des Français souffrent d’apnée du sommeil ou syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAHOS) [1], [2] qui se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration du patient endormi. Ces pauses respiratoires peuvent durer de 10 à 60 secondes et survenir des dizaines de fois par heure. Elles sont à l’origine de phases de micro-éveils, qui peuvent se succéder une centaine de fois pendant la nuit.

Bon à savoir :
L'index apnées/hypopnées par heure de sommeil (IAH) permet de mesurer la sévérité du SAHOS :
  • 0 à 5 : absence de SAHOS
  • 5 à 15 : SAHOS léger
  • 15 à 30 : SAHOS modéré
  • Au-dessus de 30 : SAHOS sévère.

Une pathologie lourde et potentiellement invalidante

Si ces micro-éveils passent généralement inaperçus – trop brefs pour que le dormeur en ait conscience - ils perturbent les cycles du sommeil et dérèglent l’architecture du sommeil. En outre, chez les personnes apnéiques, la quantité d’oxygène transportée dans le sang diminue (hypoxémie). L’apnée du sommeil retentit fortement sur la qualité de vie de ceux ou celles qui en sont atteints et représente une menace sérieuse pour leur santé. À long terme, un SAHOS augmente la mortalité, plus particulièrement de cause cardiovasculaire.
Vous souffrez peut-être d’apnée du sommeil
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Des facteurs anatomiques à l’origine du SAHOS

Le SAHOS se caractérise par des épisodes répétés d’obstruction des voies aériennes supérieures qui se produisent pendant le sommeil. Dans certains cas, le calibre et la stabilité de ces voies aériennes supérieures pendant le sommeil peuvent être affectées par des facteurs anatomiques, comme :
  • des anomalies anatomiques des tissus mous du larynx (muscles, ligaments muqueuses),
  • une malposition de la mandibule (os de la mâchoire inférieure).
Pour ces patients, lorsqu’une particularité anatomique est identifiée comme une cause du SAHOS, une intervention chirurgicale peut être proposée.

Ces gestes chirurgicaux ont généralement pour objectif de :
  • de diminuer le volume des tissus mous (voile du palais, amygdales, base de la langue) limitant les parois de l'oropharynx, cette région anatomique qui comporte les amygdales, le voile du palais, l’arrière de la langue et l’arrière de la gorge ;
  • de transférer vers l'avant les insertions de la langue et/ou les insertions du voile du palais.

Panorama des différentes interventions chirurgicales possibles

La chirurgie du voile du palais

  • L’uvulopalatopharyngoplastie (UPPP) (ou pharyngotomie) consiste en une excision de la luette du voile du palais, des amygdales, voire d’une partie de la muqueuse de la paroi postérieure du pharynx, afin de restaurer la perméabilité normale des voies aériennes supérieures. Cette chirurgie est recommandée pour les SAHOS légers à modérés en l’absence de comorbidité cardiovasculaire ou d’obésité. Elle n’est pas recommandée pour un SAHOS sévère sauf en cas d’hypertrophie amygdalienne majeure [3].
  • Une pharyngotomie peut être réalisée par laser ambulatoire, mais elle ne peut pas être proposée en cas d'hypertrophie des amygdales et ne permet pas une plastie d'élargissement de l'oropharynx [4]. Elle est davantage adaptée au traitement du ronflement.
  • La somnoplastie qui consiste à rétracter le voile du palais par radiofréquence est une solution peu invasive mais qui est également plus adaptée au traitement du ronflement.

La chirurgie maxillo-mandibulaire
Elle consiste à réaligner la structure du visage et à obtenir un élargissement global du pharynx.
Cette chirurgie peut modifier la morphologie faciale du patient. Il constitue une bonne option pour les patients souffrant d’un SAHOS sévère ou symptomatique et qui ne peuvent pas bénéficier du traitement par PPC [5].

  • La chirurgie linguale
Elle peut consister à repositionner la langue pour dégager plus amplement les voies aériennes supérieures, notamment grâce à une chirurgie du menton (génioplastie) ou une chirurgie de l’os hyoïde qui est en lien avec les 17 muscles de la langue. Les traitements de chirurgie linguaux sont recommandés pour les SAHOS légers à modérés avec un obstacle purement lingual sans anomalie squelettique [6].
Il est également possible d’intervenir sur le volume de la langue (réduction du volume lingual). Ces interventions améliorent les paramètres respiratoires mais avec un taux faible de guérison du SAHOS [7].

Le saviez-vous ? : La neuro-stimulation du nerf hypoglosse qui contrôle le mouvement de la langue, grâce à la pose d’un implant, paraît offrir des résultats très prometteurs [8].

Les autres opérations chirurgicales

La chirurgie nasale (valve, cloison, cornets)
Le rôle du nez dans le SAHOS est souvent sous-évalué. Ce n’est généralement qu’en cas d’échec du traitement par PPC qu’on envisage un dysfonctionnement nasal obstructif chronique [9]. Le traitement médical de l’obstruction nasale devrait pourtant être recommandé en première intention chez les patients SAHOS souffrant d’un rhinite ou d’une rhino-sinusite inflammatoire chronique [10]. Le traitement chirurgical isolé de l’obstruction nasale n’est recommandé qu’en cas d’échec du traitement médical par PPC [11].

La chirurgie bariatrique (chirurgie de l’obésité)
Elle peut radicalement changer la donne pour les patients obèses qui souffrent d’apnée du sommeil. Une étude a été réalisée au Royaume-Uni sur 47 patients avec un diagnostic de SAHOS et ayant bénéficié d’une opération de chirurgie bariatrique suivie d’une importante perte de poids (près de 40 kilos). 29,8% des patients n’avaient plus besoin de leur traitement par PPC et plus d’un patient sur deux bénéficiait d’une réduction significative de leur IAH et d’une baisse de la pression nécessaire dans leur traitement [12].

À retenir :

  • L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire du sommeil fréquent et sous-diagnostiqué. C’est une pathologie lourde et potentiellement invalidante.
  • Le SAHOS peut être du à des particularités anatomiques qui entravent le bon fonctionnement des voies respiratoires supérieures.
  • Plusieurs types de gestes chirurgicaux peuvent être envisagés en fonction de ces particularités anatomiques et de la sévérité du SAHOS du patient : chirurgie du palais, de la mâchoire, de la langue.
Sources
[1] 4,9% de personnes déclarent souffrir d’un SE-SAHOS, Le syndrome d’apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH 44-45, 20 novembre 2012, p. 511.
[2] L’apnée obstructive du sommeil (SAHOS) constitue la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l’apnée centrale du sommeil (ACS).
[3] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
[4] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
[5] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
[6] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
[7] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
[8] Schwartz AR et al. : Sustained therapeutic benefits for at least 3 years in the THN3 randomized, controlled trial of targeted hypoglossal nerve stimulation for obstructive sleep apnea. Am J Respir Crit Care Med 2023; 207 : A1053
[12] Sillo, T.O. et al. The impact of bariatric surgery on the resolution of obstructive sleep apnoea, 2018, 11, p. P385
[9] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
[10] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
[11] Bluman M. et al. Traitement chirurgical du SAHOS, Rev Med Respir, 2010, 27, p. 9157-9165
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