Apnée du sommeil chez l'enfant - conséquences et solutions

22.09.2023
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Votre enfant se réveille fatigué après une nuit apparemment paisible et sans interruption ? Il ronfle régulièrement et s’agite pendant son sommeil ? Sa courbe de croissance est au ralenti et il a du mal à rester concentré en classe ? Et si c’était l’apnée du sommeil ?

En effet, ce syndrome ne touche pas uniquement les adultes. Les enfants peuvent également en souffrir, ce qui peut entraîner des conséquences potentiellement graves pour leur santé et impacter négativement leur scolarité.
Heureusement, l’apnée du sommeil de l’enfant se soigne bien.

Le saviez-vous ?
Jusqu’à 40 % des enfants dirigés en consultation ORL (oto-rhino-laryngologie) pour des ronflements souffrent d’apnée du sommeil.

L’apnée du sommeil : un trouble qui engendre des dizaines de pauses respiratoires la nuit

L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire du sommeil. Les scientifiques parlent plus volontiers de syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAHOS) [1], [2], qui se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration pendant la nuit.
Ces pauses respiratoires, qui peuvent durer de 10 à 60 secondes et survenir des dizaines de fois par heure, sont à l’origine de phases de micro-éveils (jusqu’à une centaine par nuit). Si ces derniers passent généralement inaperçus, car le dormeur n’en est pas conscient, ils perturbent cependant les cycles du sommeil et dérèglent le rythme circadien. En outre, dans l’apnée du sommeil, la quantité d’oxygène transportée dans le sang du patient diminue (on parle alors d’hypoxémie).

De nombreux enfants peuvent souffrir d’apnée du sommeil

Le SAHOS peut se manifester lorsque le passage de l'air est obstrué par une ou plusieurs particularités anatomiques, telles que :

  • Une déviation de la cloison nasale,
  • Des végétations adénoïdes (ou syndrome adénoïdien),
  • Des amygdales hypertrophiques,
  • Une hypotonie du voile du palais,
  • Une hypotonie et un mauvais positionnement de la langue,
  • Un défaut de croissance structurale maxillo-mandibulaire entraînant une réduction du diamètre des voies aériennes supérieures.
En pratique, la première cause des troubles respiratoires nocturnes chez l’enfant est l’hypertrophie des amygdales et des végétations.

La prévalence estimée du SAHOS [3] chez l'enfant varie selon l'âge comme suit :

  • À 5 ans, elle est de 6,5 %,
  • À 7 ans, de 4,5 %,
  • Et à 18 ans, elle diminue à 2 % [4].

Contrairement à l’adulte, le SAHOS de l’enfant touche indifféremment les garçons et les filles. L'âge où il se manifeste le plus fréquemment est entre 2 et 5 ans, période qui coïncide avec l'hypertrophie des amygdales et des végétations adénoïdes [5].
Toutefois, le dépistage chez les enfants reste peu fréquent, ce qui laisse supposer que la prévalence réelle de l'apnée du sommeil chez l'enfant est probablement sous-évaluée.
Le saviez-vous ?

L'Index d'Apnées-Hypopnées (IAH) mesure le nombre d'apnées et d'hypopnées par heure de sommeil, servant ainsi à déterminer la gravité de l'apnée.
Chez les enfants, les critères sont les suivants [6] :

  • Un IAH supérieur à 1 par heure indique un SAHOS léger,
  • Un IAH supérieur à 5 par heure signale un SAHOS modéré,
  • Un IAH dépassant 10 par heure caractérise un SAHOS sévère.
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Dr Thierry CASTERA, médecin du sommeil

De lourdes conséquences sur la santé mentale et physique de l’enfant

Le SAHOS a un impact négatif sur le développement cognitif et cardiovasculaire des enfants [7].
Un SAHOS non traité peut notamment entraîner :
  • un retard staturo-pondéral, causé par une diminution de la sécrétion d’hormones de croissance (GH) [8], [9],
  • des complications métaboliques (obésité, résistance à l’insuline, diabète 2),
  • des problèmes cardio-vasculaires (hypertension, décompensation cardiaque [10]),
  • des troubles de l’humeur (irritabilité, colère, tristesse),
  • de la fatigue et de la léthargie,
  • des troubles cognitifs (somnolence diurne [11], trouble de l’attention, hyper activité/TDAH [12], déficit de la mémoire à court terme, trouble du langage, trouble des apprentissages, retard scolaire…)
Ces conséquences sont d’autant plus délétères qu’elles impactent le développement intellectuel de l’enfant, ses performances scolaires et donc son avenir. En effet, la prévalence du SAHOS est 6 fois plus importante chez les enfants d’école primaire ayant de mauvais résultats scolaires que chez les bons élèves [13].

Chez l’enfant, l’apnée du sommeil se guérit efficacement

Pourtant, chez l’enfant, le SAHOS se soigne bien.
En effet, ce dernier est le plus souvent causé par une hypertrophie des amygdales et des végétations adénoïdes, qui obstruent leurs voies respiratoires. Ce phénomène est fréquent chez les jeunes enfants qui souffrent d’infections ORL récurrentes ou chroniques. Heureusement, ce trouble se traite efficacement.

La solution principale est l'ablation des amygdales, parfois accompagnée de celle des végétations adénoïdes si elles sont excessivement grosses. Cette double procédure connue sous le nom d'adénoïdo-amygdalectomie constitue le traitement chirurgical de référence [14].
Cette opération, à la fois simple et maîtrisée, s'avère très efficace : une étude sur des enfants opérés révèle un taux de guérison supérieur à 60 %, avec une disparition complète des symptômes du SAHOS [15].
Le pronostic est un peu moins bon chez les enfants plus âgés (âge supérieur à 7 ans) [16], pour ceux qui souffrent d’une malformation associée (asthme) [17] et pour ceux qui souffrent d’obésité [18] ou qui cumulent d’autres facteurs de risques.

Pour résumer :

  • Les enfants peuvent également souffrir d’apnée du sommeil. Trop peu d’entre eux font l’objet d’un dépistage du SAHOS.
  • L’apnée du sommeil peut avoir des répercussions importantes sur leur santé, leurs apprentissages et, plus tard, sur leur vie d’adulte.
  • Chez l’enfant, l’apnée du sommeil se traite très bien, généralement par une ablation des amygdales (aussi appelée amygdalectomie).
Sources
[1] 4,9% de personnes déclarent souffrir d’un SE-SAHOS, Le syndrome d’apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH 44-45, 20 novembre 2012, p. 511.
[2] L’apnée obstructive du sommeil (SAHOS) constitue la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l’apnée centrale du sommeil (ACS).
[3] L’apnée obstructive du sommeil (SAOS) constitue la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l’apnée centrale du sommeil (ACS).
[4] https://www.urpsmlb.org/projet-sahos-apnee-sommeil-enfant/, Redline et al., AJRCCM 1999 ; Rosen et al., J Pediatrics, 2003 ; Schlaud et al., PP Epidemiology, 2004
[5] Nonnote, A.C., Troubles respiratoires obstructifs du sommeil de l’enfant, in Syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil de l’enfant - Rapport SFORL, ( 2016), Elsevier Editions.
[6] Revenaugh, P. C., Chmielewski, L. J., Edwards, T., Krishna, J., Krakovitz, P., Anne, S. (2011). Utility of preoperative cardiac evaluation in pediatric patients undergoing surgery for obstructive sleep apnea. Archives of Otolaryngology--Head & Neck Surgery, 137(12), p.1269‑1275
[7] Nonnote, A.C., Troubles respiratoires obstructifs du sommeil de l’enfant, in Syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil de l’enfant - Rapport SFORL, ( 2016), Elsevier Editions.
[8] Nonnote, A.C., Troubles respiratoires obstructifs du sommeil de l’enfant, in Syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil de l’enfant - Rapport SFORL, ( 2016), Elsevier Editions.
[9] Marcus J., Pediatrics, 1994;125, p. 556-62
[10] Hunt C., Pediatr Cardiol. 1982;3 (3), p.249-56
[11] Chervin, R. D., et al., Sleep-disordered breathing, behavior, and cognition in children before and after adenotonsillectomy, Pediatrics 2006, 117 (4), p.769-778
[12] Chervin, R. D., Archbold, K. H., Dillon, J. E., Panahi, P., Pituch, K. J., Dahl, R. E., Guilleminault, C. (2002). Inattention, hyperactivity, and symptoms of sleep-disordered breathing. Pediatrics, 109(3), p. 449‑456.
[13] Pallanca G, Complications du SAOS de l’enfant, Montpellier, Sept. 2010
[14] A randomized trial of adenotonsillectomy for childhood sleep apnea. Marcus CL, Moore RH, Rosen CL et al. A randomized trial of adenotonsillectomy for childhood sleep apnea. N Engl J Med. 2013 Jun 20;368(25), p. 2366-7
[15] Imanguli M, Ulualp SO. Risk factors for residual obstructive sleep apnea after adenotonsillectomy in children. Laryngoscope. 2016 Nov;126(11), p.2624-9.
[16] Marcus CL, Brooks LJ, Draper KA, Gozal D, Halbower AC, Jones J, et al. Diagnosis and management of childhood obstructive sleep apnea syndrome. Pediatrics. 2012 Sep;130(3), p.714-55.
[17] Marcus CL, Brooks LJ, Draper KA, Gozal D, Halbower AC, Jones J, et al. Diagnosis and management of childhood obstructive sleep apnea syndrome. Pediatrics. 2012 Sep;130(3), p.714-55.
[18] Marcus CL, Brooks LJ, Draper KA, Gozal D, Halbower AC, Jones J, et al. Diagnosis and management of childhood obstructive sleep apnea syndrome. Pediatrics. 2012 Sep;130(3), p.714-55.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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