Personne agée qui dort beaucoup : est-ce normal ?

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Article mis a jour le 15.11.2024
Il n'est pas rare que les personnes âgées passent plus de temps à dormir, mais est-ce toujours normal ? Si le vieillissement entraîne des changements naturels dans les habitudes de sommeil, l'excès de sommeil chez les personnes âgées peut parfois signaler des problèmes sous-jacents qui nécessitent une attention particulière. Il est essentiel de comprendre ce qui motive ce comportement pour favoriser des habitudes de sommeil plus saines et un bien-être général.

Avec l’âge, la structure du sommeil se modifie

Premier changement observé : les besoins de sommeil se répartissent différemment sur 24 heures. Chez les 42 % de seniors qui rapportent faire la sieste, la fréquence de celle-ci augmente de façon linéaire avec l’âge :

  • 50-60 ans : 3,3 siestes par semaine
  • 61-70 ans : 4,1 siestes par semaine
  • 71-80 ans : 4,7 siestes par semaine
  • Plus de 80 ans : 5,9 siestes par semaine [1].

Autre modification qui n’apparaît qu’à partir de 80 ans : l’allongement du temps d’endormissement. Il dure 25 minutes, contre 11 minutes pour les 50-79 ans.

Surtout, l’architecture du sommeil est amenée à changer avec l’âge. Pour mémoire, le sommeil profond occupe en moyenne à peu près 20 % de nos nuits, ce qui correspond à-peu-près à la part du sommeil paradoxal. Le reste de notre nuit se partage entre sommeil léger, somnolence et périodes de micro-éveils. Le pourcentage de sommeil lent profond – la phase la plus réparatrice de nos nuits – décroît linéairement à mesure que l’âge augmente de 2 % par décennie environ [2]. À partir de 40 ans, il baisse de 3 % tous les 10 ans [3].

Chez les plus de 60 ans, on observe également une réduction de la part de sommeil paradoxal, qui permet notamment de consolider la mémoire, comparé aux jeunes adultes [4]. La durée des réveils nocturnes augmente, quant à elle, uniformément d’environ 10 minutes par décennie à partir de 30 ans [5].

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Pourquoi les personnes âgées dorment beaucoup ?

Avec l'âge, plusieurs facteurs influencent les habitudes de sommeil, entraînant des changements notables dans la qualité et la durée du sommeil. La réduction de l'activité physique, la diminution des interactions sociales et un mode de vie plus sédentaire sont quelques-uns des principaux facteurs. Ces facteurs perturbent le rythme circadien, un cycle de 24 heures qui régule des fonctions biologiques, physiologiques et comportementales essentielles, dont le sommeil [6]. Ce rythme aide l'organisme à s'adapter à l'alternance naturelle du jour et de la nuit.

Parmi les éléments qui régulent le rythme circadien, la lumière joue le rôle le plus crucial. L'exposition à la lumière naturelle est essentielle pour maintenir un cycle veille-sommeil sain. Cependant, les personnes âgées passent souvent moins de temps à l'extérieur en raison de la fatigue ou de douleurs articulaires, ce qui réduit l'exposition à la lumière du soleil. En outre, les changements liés à l'âge, tels que la baisse de la vue, rendent plus difficile la perception efficace de la lumière, ce qui perturbe encore davantage le rythme circadien.

Pour les personnes âgées vivant dans des établissements de soins, ces troubles du rythme circadien sont souvent plus prononcés en raison d'une exposition limitée à la lumière naturelle et d'une activité physique réduite.

Maladies liées à un excès de sommeil chez les personnes âgées

L'excès de sommeil chez les personnes âgées peut parfois être le signe de problèmes de santé sous-jacents plutôt que d'être simplement le résultat du vieillissement :

La dépression
La dépression est une cause fréquente, mais souvent négligée, de sommeil excessif chez les personnes âgées. Elle peut entraîner un manque d'énergie, une fatigue accrue et une tendance à dormir plus que d'habitude pendant la journée et la nuit.

Les troubles du sommeil

  • Apnée du sommeil : Cette affection provoque des interruptions de la respiration pendant le sommeil, ce qui entraîne un sommeil de mauvaise qualité et une fatigue diurne excessive.

  • Syndrome des jambes sans repos (SJSR) : L'inconfort causé par le SJSR peut perturber le sommeil pendant la nuit, faisant ressentir à la personne le besoin de dormir plus longtemps pour compenser [7].

Démence et troubles neurologiques
Le déclin cognitif, comme dans la maladie d'Alzheimer ou d'autres formes de démence, peut perturber la régulation des cycles de sommeil par le cerveau. Les maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson peuvent également entraîner une somnolence excessive.

Les maladies chroniques
  • Maladies cardiaques : La fatigue et la somnolence excessive sont fréquentes chez les personnes âgées souffrant de maladies cardiaques, car le corps travaille plus dur pour maintenir ses fonctions normales.

  • Diabète : Les fluctuations du taux de sucre dans le sang peuvent entraîner de la fatigue et une tendance à dormir davantage.

  • Troubles de la thyroïde : L'hypothyroïdie, une condition dans laquelle la glande thyroïde est sous-active, provoque souvent de la fatigue et un sommeil excessif.

Les effets secondaires des médicaments
De nombreux médicaments prescrits pour des maladies chroniques, tels que les analgésiques, les antihistaminiques ou les sédatifs, peuvent provoquer de la somnolence et perturber les habitudes de sommeil.

Infections
Les infections telles que la pneumonie ou les infections urinaires, qui sont plus fréquentes chez les personnes âgées, peuvent drainer de l'énergie et entraîner un sommeil prolongé.

Conseils pratiques pour gérer un excès de sommeil

1
Établir un horaire de sommeil cohérent
Encouragez vos enfants à se coucher et à se réveiller à la même heure tous les jours, même le week-end. Cela permet de réguler l'horloge interne du corps et d'éviter les excès de sommeil.
2
Favoriser l'exposition à la lumière du soleil le matin
L'exposition à la lumière naturelle le matin est essentielle pour réguler le rythme circadien. Passez 30 à 60 minutes à l'extérieur ou près d'une fenêtre ensoleillée pour signaler au cerveau qu'il est temps de se réveiller.
3
Encourager l'activité physique
Des exercices légers comme la marche, les étirements ou le yoga peuvent stimuler les niveaux d'énergie et réduire la somnolence diurne. Une activité régulière favorise également un sommeil de meilleure qualité la nuit.
4
Limiter les siestes pendant la journée
Si une sieste est nécessaire, elle doit être courte, de l'ordre de 20 à 30 minutes, et doit être évitée en fin de journée. Cela permet de préserver le sommeil nocturne et de réduire le besoin de sommeil diurne excessif.
5
Stimuler l'interaction sociale
Les activités sociales, qu'il s'agisse d'une conversation, d'une activité de groupe ou d'un passe-temps, peuvent combattre le sentiment d'isolement et prévenir la léthargie, qui conduit souvent à un sommeil excessif.
6
Vérifier l'environnement du sommeil
Assurez-vous que la chambre à coucher est optimisée pour un sommeil réparateur :

  • Matelas et oreillers confortables
  • Environnement sombre, calme et frais
  • Éviter les écrans (télévision, téléphone) avant le coucher
7
Traiter les problèmes de santé sous-jacents
Consultez un professionnel de la santé pour vérifier si des troubles tels que l'apnée du sommeil, la dépression ou le syndrome de fatigue chronique peuvent être à l'origine d'un sommeil excessif.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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Sources

[1] Quand le sommeil prend de l’âge, Enquête INSV/BVA/MGE , Janv. 2010
[2] Patients identifiés par l’assurance maladie en 2019, chiffres du ministère de la Santé et de la Prévention
[3] Corman, B., Le sommeil des seniors, Gérontologie et société 2006/1 (vol. 29 / n° 116), p. 45-61
[4] Corman, B., Le sommeil des seniors, Gérontologie et société 2006/1 (vol. 29 / n° 116), p. 45-61
[5] Corman, B., Le sommeil des seniors, Gérontologie et société 2006/1 (vol. 29 / n° 116), p. 45-61
[6] Nguyen-Michel, V.H. Lâm, X.Y. Sebban C., Le sommeil et ses troubles chez le sujet âgé, L'information psychiatrique 2010/1 (Volume 86), p. 57-65
[7] Quand le sommeil prend de l’âge, Enquête INSV/BVA/MGE, Janv. 2010