L’apnée du sommeil pour les nuls : guide complet

22.06.2023

Auteur du texte: L'équipe SleepDoctor

Pathologie méconnue du grand public, l’apnée du sommeil est fréquente, sous diagnostiquée. Surtout, elle a des conséquences négatives sur la santé des personnes qui en sont atteintes, dans la majorité des cas, sans le savoir.
Qu'est-ce que l'apnée du sommeil ?
Il s’agit d’un trouble respiratoire, qui se manifeste par des interruptions de la respiration pendant le sommeil. De 10 à 60 secondes, ces pauses respiratoires peuvent survenir des dizaines de fois par heure, entrainant un manque d’oxygène. Le cerveau réagit et la personne se réveille très brièvement pour reprendre sa respiration. Ces micro-éveils sont de tellement courte durée, qu’ils ne sont pas mémorisés et passent inaperçus alors mêmes qu’ils peuvent avoir lieu parfois des centaines de fois par nuit. Ainsi fragmenté, le sommeil s’avère insuffisamment récupérateur. C’est tout l’équilibre de la santé, mentale comme physique, qui peut s’en trouver altéré.

Pourquoi je souffre d'apnée du sommeil ?

Dans la très grande majorité des cas, la cause est mécanique. Il s’agit du syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAHOS) qui se caractérise par un relâchement des muscles de la gorge et un blocage des voies aériennes par la langue (lien vers Article rééducation de la langue), ce qui entraîne un arrêt de la respiration partiel (hypopnée) ou total (apnée). Dans des cas plus rares, la cause est neurologique. L’apnée alors est causée par une dysfonction du cerveau qui n'émet plus le signal indiquant aux muscles de la gorge de se contracter pour pouvoir respirer. On parle alors d'apnée centrale du sommeil. Enfin certains patients souffrent d’un syndrome d'apnées du sommeil mixte, qui combine les deux types d'apnées.

Est-ce que l'apnée du sommeil est grave ? Faut-il s'inquiéter ?

L’apnée déstructure le sommeil du patient et le prive d’un repos réellement réparateur. À la clé : migraine matinale, fatigue, somnolence diurne, baisse de vigilance (insérer lien vers article accident de la route), de libido, irritabilité, etc…
En outre les études scientifiques démontrent que l’apnée du sommeil élève très significativement les probabilités de souffrir de pathologies invalidantes, comme le diabète de type 2, le syndrome métabolique [1], l’hypertension artérielle. C’est ce qu’on appelle le risque de comorbidité. À titre d’exemple près d’un tiers des personnes souffrant de SAHOS souffrent également de diabète de type 2 [2].
Le SAHOS a également un impact lourd sur la santé mentale. Les patients souffrant d’apnée du sommeil ont un risque accru de développer une dépression. Il existe aussi une corrélation entre la sévérité de l’apnée et ce risque [3].

Comment soigner l'apnée du sommeil ? Quels sont les traitements ?

La bonne nouvelle c’est que l’apnée du sommeil se traite très bien. Les traitements sont efficaces. Ils sont essentiels pour renouer avec des nuits réparatrices et prévenir les conséquences à long terme de l’apnée sur la santé.

En fonction de son degré de sévérité, l’apnée du sommeil peut être traitée par :

  • pression positive continue (PPC) : il s'agit d'un masque sur votre nez et/ou votre bouche fournissant un débit continu d'air pressurisé pour maintenir vos voies respiratoires ouvertes pendant votre sommeil.
  • orthèse d'avancée mandibulaire : il s'agit d'un appareil dentaire qui maintient la mâchoire inférieure en position avancée afin de libérer le passage de l'air au niveau de la gorge.
Vous souffrez peut-être d’apnée du sommeil
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Qui est concerné ?

Tout le monde est susceptible de souffrir d’apnée du sommeil : enfants, adolescents, adultes, personnes âgées, tout genre confondu.
L’apnée du sommeil est souvent associée à un patient type, un homme de plus de trente ans, en surpoids. En effet, l’apnée est en effet quatre fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes [4]. En outre, 70% des personnes ayant un SAHOS sont en surpoids [5]. Et le risque augmente encore si la personne est obèse [6].
Cependant, l’apnée du sommeil est également courante chez les femmes. En effet, on retrouve le SAHOS chez environ 2% des femmes. Et ce risque augmente lors de la survenue de la grossesse, comme au moment de la ménopause.
Chez les personnes âgées, l’apnée du sommeil est courante et sous-diagnostiquée. Sa fréquence augmente même de façon presque linéaire avec l’âge [7]. Les enfants ne sont pas épargnés par le SAHOS, mais peu d’entre eux sont dépistés alors même que cette pathologie peut avoir des répercussions négatives importantes sur leur vie quotidienne, notamment en termes d’apprentissage, et plus tard, sur leur vie d’adulte.

Comment se faire dépister ?

L’apnée du sommeil est une maladie chronique assez sournoise car dans la majorité des cas, le sujet ignore en être atteint. Une personne sur 20 en souffre, soit 5% de la population [8]. C’est donc une pathologie respiratoire fréquente. Malheureusement, elle est sous-diagnostiquée : seuls 20% [9] des patients sont dépistés et pris en charge [10].

Quelques signes peuvent vous alerter.
La personne qui partage votre lit peut remarquer certains symptômes, la nuit :
- pauses respiratoires (apnées),
- ronflements bruyants accompagnés de mouvements des jambes et du corps,
- sueurs nocturnes.

Pendant la journée, vous pouvez être alerté par d’autres symptômes :
- fatigue intense,
- maux de tête au réveil,
- somnolence en journée, troubles de concentration et de mémoire,
- baisse du désir sexuel, voire impuissance masculine,
- dépression, irritabilité, agressivité.

À retenir :

  • L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire qui se manifeste par des arrêts fréquent de la respiration pendant le sommeil, jusqu’à une centaine de fois par nuit.
  • La respiration reprend grâce à des micro-éveils qui fragmentent le sommeil et retentissent fortement sur la qualité de vie.
  • L’apnée du sommeil est sous-diagnostiquée alors qu’elle a des conséquences néfastes sur notre santé mentale et physiologique.
Sources

[1] Association d’un taux élevé de triglycérides, de l’hypertension et d’un faible taux de bon cholestérol « HDL ».
[2] Obstructive sleep apnea among obese patients with type 2 diabete, Foster G.D. et al., Diabetes Care n° 32 (juin 2009), pp.1017-1019
[3] Longitudinal association of sleep related-breathing disoerder and depression Peppard et al. Arch. Intern Med., sept. 2006, 166(16), p. 1709-17015.
[4] Bonsignore MR, Saaresranta T, Riha RL, Sex differences in obstructive sleep apnoea, Eur Respir Rev, (2019) 28 (154), P 190.
[5] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/apnee-sommeil/comprendre-apnee-sommeil, page consultée le 22 février 2023.
[6] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/apnee-sommeil/comprendre-apnee-sommeil, page consultée le 22 février 2023.
[7] Braley TJ, Dunietz GL, Chervin RD, et al., Recognition and diagnosis of obstructive sleep apnea in older Americans. J Am Geriatr Soc (2018), 66(7), p. 1296-1302.
[8] 4,9 % des personnes déclarent souffrir d’un SE-SAHOS, Le Syndrome d’apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH n° 44-45 (20 novembre 2012), p. 511.
[9] Heinzer R, Vat S, Marques-Vidal P, Marti-Soler H, Andries D, Tobback N, et al., Prevalence of sleep-disordered breathing in the general population: the HypnoLaus study. Lancet Respir Med. avr 2015;3(4), p. 310‑318.
[10] Young T, Skatrud J, Peppard PE. Risk factors for obstructive sleep apnea in adults. JAMA. 28 avr 2004;291(16), p. 2013- 2016.