Quel lien entre l’apnée du sommeil et le score de Mallampati ?

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Article mis a jour le 22.06.2024

Principaux enseignements :

  • Le score de Mallampati est un système de classification utilisé pour prédire le risque d'apnée obstructive du sommeil en fonction de la visibilité des structures de la bouche et de la gorge.
  • Un score de Mallampati élevé (classes 3 et 4) est associé à un risque accru de SAOS, mais ce score doit être utilisé en conjonction avec d'autres outils de diagnostic.
  • Si certaines études confirment la valeur prédictive du score de Mallampati pour le SAOS, d'autres n'ont pas donné de résultats concluants, ce qui souligne la nécessité d'une évaluation complète.
Le score de Mallampati est un outil utilisé par les professionnels de la santé pour évaluer le risque d'apnée obstructive du sommeil et prédire la difficulté d’une intubation. En examinant la visibilité des structures de la bouche et de la gorge, telles que les amygdales, la luette et le voile du palais, ce score permet d'identifier les personnes susceptibles de présenter des obstructions des voies respiratoires pendant le sommeil. Certains chercheurs ont étudié l'efficacité du score de Mallampati pour évaluer le risque d'apnée du sommeil, en particulier chez les enfants, mais certaines études ont donné des résultats mitigés.

Qu'est-ce que le score de Mallampati ?

Le score de Mallampati a été introduit en 1985. Il s'agit d'une méthode utilisée pour identifier les patients susceptibles d'avoir des difficultés d'intubation en fonction de la structure de leur oropharynx [1]. La dernière version de ce score utilise une échelle de 1 à 4, avec les critères suivants :

  • Classe 1 : Les amygdales, la luette et le voile du palais sont entièrement visibles.
  • Classe 2 : Le palais dur et doux, la partie supérieure des amygdales et la luette sont visibles.
  • Classe 3 : Le palais dur et mou et la base de la luette sont visibles.
  • Classe 4 : Seul le palais dur est visible.
Cette évaluation est réalisée en position assise, la tête en position neutre et la bouche ouverte.

Qu'est-ce que l'apnée obstructive du sommeil ?

L'apnée du sommeil se produit lorsque la respiration s'arrête ou devient superficielle pendant le sommeil. Ce phénomène est souvent suivi d'épisodes de halètement ou d'étouffement qui peuvent provoquer le réveil. L'apnée obstructive du sommeil se caractérise par une obstruction physique qui bloque les voies respiratoires et empêche la circulation de l'air. Les sources anatomiques possibles de cette obstruction sont une langue ou des amygdales hypertrophiées, une mâchoire inférieure rétractée ou une circonférence du cou relativement épaisse. Ce trouble diffère de l'apnée centrale du sommeil, qui se produit en raison d'une interruption des signaux entre le cerveau et les muscles qui facilitent la respiration.

Le SAOS touche jusqu'à 10 % de la population en France, et de nombreux cas ne sont pas diagnostiqués [2]. La gravité du SAOS est fréquemment évaluée à l'aide d'une échelle connue sous le nom d'indice d'apnée-hypopnée (IAH). Une "apnée" désigne tout épisode au cours duquel la respiration s'arrête complètement, tandis qu'une "hypopnée" est un épisode impliquant un affaissement partiel des voies respiratoires, mais pas une perte complète de la respiration. L'IAH classe le SAOS en trois catégories générales de gravité en fonction du nombre d'épisodes d'apnée et/ou d'hypopnée par heure de sommeil :

  • Léger : 5 à 15 épisodes par heure
  • Modéré : 15 à 30 épisodes par heure
  • Sévère : Plus de 30 épisodes par heure

Les médecins ou les spécialistes du sommeil prennent également en compte d'autres facteurs lorsqu'ils évaluent la gravité du SAOS. L'indice de masse corporelle est souvent mesuré, car l'obésité est un facteur prédictif majeur du SAOS. Les personnes dont l'IMC est supérieur ou égal à 30 sont considérées comme obèses. Les médecins prennent aussi en compte d'autres symptômes tels que le ronflement et la somnolence diurne excessive.

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Score de Mallampati et prédiction du SAOS

Comme il semble y avoir une corrélation entre les troubles respiratoires du sommeil et un risque d'intubation plus élevé, les patients qui obtiennent un score de Mallampati de 3 ou 4 sont généralement considérés comme présentant un risque accru de SAOS.

Cependant, les chercheurs ont fait état de résultats contradictoires quant à l'efficacité de l'utilisation du score de Mallampati pour prédire le SAOS. Une étude a suggéré un lien étroit entre le score de Mallampati, l'IAH et la taille des amygdales chez les patients pédiatriques. Cette étude a noté que les résultats concluants pour les enfants souffrant de SAOS étaient plutôt définis par des scores d'IAH plus élevés.

D'autres études affirment que le score de Mallampati n'est pas une méthode fiable pour mesurer le SAOS [3]. En effet, une seconde étude a confirmé la corrélation entre l'échelle de Mallampati et l'IAH, mais a également noté une variabilité minime de cet indice entre les différentes classes de Mallampati [4]. Dans cette étude portant sur des patients adultes, l'IMC, le sexe et l'âge étaient des facteurs prédictifs de l'IAH plus efficaces que le score de Mallampati.

Une troisième étude suggère que le score de Mallampati à des applications pratiques avant les tests de sommeil par polysomnographie, mais des limites en tant qu'évaluation diagnostique. Pour chaque augmentation d'un point sur l'échelle de Mallampati, le risque de souffrir d'un SAOS a plus que doublé. L'évaluation de Mallampati n'étant pas invasive, le score pourrait potentiellement être utilisé lors d'examens physiques. Toutefois, les auteurs de l'étude admettent par ailleurs que ce test est moins utile pour évaluer les patients présentant des symptômes légers de SAOS.

Il est important de noter que l'évaluation de l'IAH présente aussi des limites [5]. Certaines études reprochent à l'IAH de se concentrer uniquement sur le nombre d'apnées et d'hypopnées par heure de sommeil, sans tenir compte de la durée de chaque épisode, alors que des épisodes plus longs présentent un risque plus important pour la santé globale du patient. En outre, l'IAH peut ne pas être totalement fiable, car les patients ayant le même score d'IAH n'ont pas nécessairement la même gravité de symptômes de SAOS en raison d'autres facteurs, tels que l'âge et les symptômes diurnes.

Du coup, comment diagnostiquer l'apnée obstructive du sommeil ?

La plupart des médecins ne s'appuient pas uniquement sur l'IAH ou le score de Mallampati lorsqu'ils évaluent les patients pour détecter un SAOS. Le diagnostic de ce dernier, ainsi que celui d'autres formes d'apnée du sommeil, est un processus intensif qui implique l'obtention d'antécédents médicaux complets et la réalisation de divers tests et examens.
Le médecin procédera probablement à un examen physique, qui comprendra la mesure de la circonférence du cou du patient, la recherche d'une hypertrophie des amygdales, ainsi que d'autres mesures visant à déterminer la nature de l'obstruction. Il peut également prescrire des analyses de sang, des échographies pelviennes et d'autres évaluations afin d'exclure d'autres pathologies.

Un autre élément clé du diagnostic du SAOS est d’effectuer une étude du sommeil du patient (polysomnographie). Le médecin peut orienter le patient vers un spécialiste du sommeil ou une clinique, où l'étude peut être réalisée sur place, mais les patients peuvent également la réaliser chez eux. Pendant l'étude, l'IAH est mesuré ainsi que l'activité des muscles qui facilitent la respiration, les niveaux d'oxygène dans le sang et l'activité cérébrale et cardiaque.

Questions fréquentes

Quelle est la différence entre une classe Mallampati de type 1 et de type 2 ?

Une classe Mallampati de type 1 signifie que les amygdales, la luette et le palais mou du patient sont entièrement visibles. Dans le cas d’une classe Mallampati de type 2, le palais dur et mou, les amygdales supérieures et la luette sont visibles, mais pas aussi clairement que dans le cas d’une classe de type 1.

Que signifie un score de Mallampati de 3 pour l'apnée du sommeil ?

Un score de Mallampati de 3 indique que seuls le palais dur et le palais mou sont visibles, tandis que la luette est partiellement masquée. Ce score indique un risque plus élevé d'apnée obstructive du sommeil.

Peut-on améliorer améliorer son score de Mallampati ?

Il est difficile d'améliorer le score de Mallampati, car il est basé sur la structure de la bouche et de la gorge. Cependant, le maintien d'un poids sain et la prise en compte de tout facteur contributif, tel que des amygdales hypertrophiées, peuvent vous aider à améliorer ce dernier.
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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Sources