Apnée du sommeil : quels sont les effets secondaires du masque PPC ?

02.10.2023

Auteur du texte: L'équipe SleepDoctor

Comme n’importe quel dispositif médical, le traitement par PPC peut comporter des effets secondaires. : claustrophobie, irritations, sécheresse de la bouche ou du nez … Certains patients tolèrent mal les masques PPC. Les médecins du sommeil prennent ces difficultés très au sérieux car un masque peu adapté risque d’être insuffisamment porté et donc inefficace.

Près de 5% des Français souffrent d’apnée du sommeil ou syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAHOS). Ce trouble respiratoire du sommeil se manifeste par des interruptions de la respiration lors du sommeil. Ces pauses respiratoires peuvent durer de 10 à 60 secondes et survenir des dizaines de fois par heure. Elles sont à l’origine de phases de micro-éveils, lesquelles peuvent intervenir jusqu’à une centaine de fois par nuit.

Le traitement par PPC est le traitement de référence pour l’apnée du sommeil

Si ces micro-éveils, passent généralement inaperçus car le dormeur n’en est pas conscient, ils perturbent les cycles du sommeil et dérèglent l’architecture du sommeil. En outre, la quantité d’oxygène transportée dans le sang du patient diminue (hypoxémie). L’apnée du sommeil retentit fortement sur la qualité de vie de ceux ou celles qui en sont atteints, et représente une menace sérieuse pour leur santé.

À long terme, un SAHOS augmente la mortalité et plus particulièrement la mortalité de cause cardiovasculaire. Les patients souffrant doivent donc impérativement être traités. Le choix de ce traitement se définit en fonction des symptômes et de la sévérité du syndrome, qui est mesuré par l’indice d’apnées-hypopnées (IAH). Le traitement de référence pour l’apnée du sommeil est la ventilation nasale par pression positive continue (PPC). Il consiste à porter pendant la nuit un masque positionné sur le nez et/ou la bouche. Ce masque fournit un débit continu d'air pressurisé pour maintenir les voies respiratoires ouvertes pendant le sommeil du dormeur.

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Les masques PPC sont-ils dangereux pour la santé de leurs usagers ?

« Porter un masque… la nuit... Mais toute la nuit, toutes les nuits » ? Ces interrogations sont légitimes. Certes, la ventilation par PPC est efficace contre l’ensemble des conséquences délétères du SAHOS, mais à condition que le masque soit porté régulièrement et au moins 4 heures par nuit.
« Le masque, un traitement efficace et sans risque ? Je fonce ! Cela s’achète où ? » Minute papillon ! La mise à disposition des appareils de ventilation par PPC est assurée par un prestataire de service au domicile du patient. Ces machines, comme tous les dispositifs médicaux, ne sont pas dépourvus d’effets secondaires. En clair, on ne peut pas dire qu’ils sont complètement « sans risque ».

Certains masques respirateurs fabriqués par l’entreprise Philips avant le 26 avril 2021 se sont même révélés potentiellement dangereux. C’est pourquoi ils ont fait l’objet d’un rappel de la part du constructeur [1]. La mousse insonorisante présente dans ces dispositifs médicaux exposait en effet leurs utilisateurs à deux composés organiques volatiles (COV) ainsi qu’aux particules issues de la dégradation de la mousse. À la clé un certain nombre d’effets indésirables :
  • irritation de la peau, des yeux et des voies respiratoires,
  • réaction inflammatoire,
  • maux de tête,
  • asthme,
  • risques cancérigènes. D’après les premières données disponibles, le risque de cancer lié à l’utilisation de ces ventilateurs et appareils de PPC concernés n’est pas avéré.

Bon à savoir : N’hésitez pas à aller sur les forums d’utilisateurs de masques PPC sur Internet et les réseaux sociaux. Vous pourrez échanger avec des personnes dans votre situation, demander des conseils et, sans doute, trouver des solutions.

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Le traitement par PPC peut exposer des effets secondaires

« D’accord mais l’affaire Philips c’est une exception. En dehors des défauts de fabrication, les masques peuvent-ils présenter des effets secondaires » Oui, absolument, les masques PPC peuvent produire des effets secondaires. Et ceux-ci sont d’ailleurs responsables de nombreux problèmes d’observance thérapeutique [2]. En clair les patients concernés ne portent pas assez longtemps, ni assez souvent leur masque PPC en raison des gênes occasionnées par le port du masque.

Parmi les effets secondaires les plus fréquents :
  • claustrophobie,
  • marques laissées par le masque sur le visage, visibles au matin, irritations cutanées,
  • sécheresse des muqueuses nasales et buccales,
  • sécheresse oculaire, larmoiement, conjonctivite.
  • aéorophagie, ballonnement,
  • difficultés psychologiques.
Les patients claustrophobes ont souvent du mal à supporter un dispositif PPC [3], particulièrement un masque facial qui diffuse l’air vers le nez et la bouche. Ces patients opteront sans doute plus volontiers pour le minimalisme d’un masque narinaire qui offre l’avantage de laisser le nez et la bouche complètement découverts.

Les principaux inconvénients

D’après une enquête réalisée par Alliance Apnées du Sommeil entre juillet et septembre 2021 [4], les marques sur le visage font partie des problèmes les plus fréquents chez les patients utilisant un masque PPC régulièrement (76,8 % des patients).
Il convient donc de vérifier que le masque choisi est bien adapté à votre anatomie et que les liens ne sont pas trop serrés.
La sécheresse des muqueuses nasales et buccales provoquée par le dispositif PPC constitue également un phénomène courant. Il peut être contrôlée par l’adjonction d’un humidificateur intégré à l’appareillage sur demande du patient. L’humidification de l’air permet d’éviter l’apparition de rhinites [5]. Des yeux secs ou au contraire larmoyants, voire une conjonctivite, peuvent être le signe de fuite d’air sur le masque. 90,3% des patients utilisant un masque PPC régulièrement expérimentent ces fuites d’air [6].
Si le niveau de fuite d’air du masque est significatif, le bruit de la machine qui est généralement minime peut également gêner le dormeur.
Un réglage de pression inadapté de l’appareil ou encore des difficultés à l’expiration avec l’apparition d’un phénomène d’hyper ventilation peuvent être à l’origine de phénomène d’aérophagie ou de ballonnement.
Enfin, et on n’en parle moins, il peut être difficile psychologiquement pour certains d’entre nous de voir leur bien être et leur santé dépendre d’une machine. Le regard du conjoint ou partenaire est également essentiel. Certains patients peuvent au début du traitement passer par une phase un peu perturbante : remise en cause de son image, perte d’estime de soi…
Attention à ne pas minimiser ces ressentis qui sont normaux. Il disparaitront si vous êtes bien accompagné par votre entourage, votre médecin du sommeil et le cas échéant un thérapeute. Si vous vous contentez de les étouffer, ils risquent au contraire de persister et de vous conduire à abandonner le traitement au bout de quelque mois.

« Et il y a plus grave Docteur ? ». Parmi les complications envisagées en cas de traitement par PPC sont recensés quelque effets secondaires importants mais très rares, notamment :
  • saignement de nez,
  • pneumothorax (accumulation de gaz dans la cavité pleurale),
  • trouble du rythme cardiaque.

Le saviez-vous ? Environ un million de personnes sont traitées par PPC en France, 70% d’hommes et 30% de femmes, d’après les chiffres de la Fédération française des Associations et amicales de malades insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR).

Les solutions alternatives

Si vous avez effectué tous les réglages nécessaires et que votre masque vous semble impossible à tolérer : pas de panique. Il existe un traitement alternatif contre l’apnée du sommeil : l’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM).

Ce dispositif peut être prescrit en cas d’intolérance au traitement par PPC. Il est également prescrit en première intention en cas d’apnée du sommeil modérée (c’est-à-dire lorsque l’IAH est compris entre 15 et 30) et en l’absence de maladie cardiovasculaire grave associée. Dans ce cas, l’OAM est en effet plus efficiente que le dispositif de PPC.
Enfin, des interventions chirurgicales peuvent être envisagées, en fonction des particularités anatomiques du patient, de la sévérité et de la cause du SAHOS : chirurgie du palais, de la mâchoire, de la langue.
Sources
[2] Reynard C-J, Pression positive continue : un traitement pour le long terme, Revue Médicale Suisse, mai 2019, Pneumologie, n°203
[3] Edinger JD, Radtke RA. Use of in vivo desensitization to treat a patient’s claustrophobic response to nasal CPAP. Sleep 1993, Vol.16, p.678-80.
[4] Alliance Apnées du Sommeil, Masque de PPC, Comment vivez-vous avec ? https://www.allianceapnees.org/wp-content/uploads/2022/02/
[5] Reynard C-J, Pression positive continue : un traitement pour le long terme, Revue Médicale Suisse, mai 2019, Pneumologie, n°203
[6] Alliance Apnées du Sommeil, Masque de PPC, Comment vivez-vous avec ? https://www.allianceapnees.org/wp-content/uploads/2022/02/
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