Sexe et sommeil : l'influence de l'un sur l'autre

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Article mis a jour le 19.11.2024
La performance sexuelle apparaît étroitement liée au sommeil. Or nous dormons trop peu et expérimentons fréquemment des troubles du sommeil. Chez les hommes, ces nuits peu réparatrices viennent fragiliser la fonction érectile.

Et si pour que vos nuits soient plus belles que vous jours, le secret consistait justement à jouir d’un sommeil réparateur ?

Anxiété de performance sexuelle chez l'homme

Un homme sur 4 expérimente ce qu’on qualifie d’anxiété de performance sexuelle [1]. Peur de ne pas satisfaire son partenaire [2], peur de ne pas être à la hauteur des standards préconçus dans le cadre d’une interaction sexuelle [3] et des représentations sociales de la virilité masculine, peur de ne pas réussir à obtenir ou maintenir une érection : la liste des motifs d’angoisses peut être longue pour un homme.
Ces inquiétudes conduisent même le sexe fort à des pratiques qu’on croyait presque réservées aux femmes :
  • peiner à obtenir un orgasme : 58 % des Français [4] sont concernés,
  • voire carrément simuler l’orgasme, comme 42 % sondés [5].

Nous l’avons tous expérimenté, la sexualité est complexe, parfois compliquée, elle est aussi changeante, voire fluctuante. En cela, elle est aussi le reflet des nombreux mécanismes qui entrent en jeu.

Comment fonctionne l'érection ?

La fonction érectile se joue en quatre temps. Des stimulations sensorielles se transforment en signaux d’influx nerveux transmis jusqu’à la verge à travers la moelle épinière, par l’intermédiaire d’un neurotransmetteur – la dopamine. Le message chimique envoyé au pénis provoque une décontraction des fibres musculaires entourant les cavités des corps caverneux érectiles. Ce relâchement permet l’afflux sanguin dans les corps caverneux : les artères péniennes s’ouvrent et les corps caverneux se remplissent de sang. Le pénis augmente de volume. La pression sanguine monte d’un cran jusqu’à comprimer les veines. Le pénis se tend et se redresse jusqu’à être rigide. Un deuxième transmetteur est alors à l’œuvre, la noradrénaline, qui sert de moteur à l’érection comme phénomène actif. Une fois l’orgasme atteint, la verge entre dans sa phase de détumescence. Cette phase est suivie d’une période dite « réfractaire » pendant laquelle, il n’y a pas d’érection possible. Il suffit d’un grain de sable pour que cette mécanique subtile s’enraye…

Prenez 3 minutes pour évaluer votre risque d'apnée du sommeil

L'impact du sommeil sur la performance sexuelle

Le sommeil joue un rôle crucial dans le maintien d'une vie sexuelle saine, et un sommeil insuffisant peut avoir un effet négatif sur le désir et les performances. Chez les femmes, un manque de sommeil peut diminuer le désir sexuel et rendre l'excitation plus difficile, en particulier en cas d'insomnie. De même, les hommes dont le sommeil est perturbé ou insuffisant courent un risque plus élevé de dysfonction érectile. Les chercheurs ont d’ailleurs montré que la testostérone, l’hormone de l’érection, est plus haute chez les hommes qui dorment mieux et plus longtemps [6].

Certains troubles du sommeil sont également directement liés à des problèmes de santé sexuelle. Il a été démontré que l'apnée obstructive du sommeil (AOS), qui interrompt la respiration pendant le sommeil, augmente considérablement le risque de dysfonction érectile chez les hommes et peut également entraîner des difficultés sexuelles chez les femmes.

Le fait de travailler à des heures irrégulières, par exemple en équipe de nuit, peut perturber le cycle veille-sommeil naturel de l'organisme, ou rythme circadien, ce qui peut encore contribuer à des problèmes sexuels. Lorsque l'horloge interne du corps est désynchronisée, cela peut affecter la production d'hormones, les niveaux d'énergie et l'intimité en général.

Le manque de sommeil n'a pas seulement des répercussions sur le corps, mais aussi sur la santé mentale et les relations. Le manque de sommeil peut augmenter le stress, accroître les conflits avec le partenaire et réduire le sentiment d'intimité, autant de facteurs qui nuisent à une vie sexuelle épanouie.

Le sexe favorise-t-il un meilleur sommeil ?

Oui, le sexe peut effectivement vous aider à mieux dormir, et la science en donne des raisons convaincantes. L'activité sexuelle, en particulier lorsqu'elle conduit à l'orgasme, déclenche la libération d'hormones qui favorisent la relaxation et le bien-être. L'ocytocine, souvent appelée « hormone de l'amour », est libérée pendant les moments d'intimité, ce qui favorise les sentiments de connexion et réduit le stress. Parallèlement, les rapports sexuels réduisent le taux de cortisol, une hormone de stress qui peut nuire à un sommeil réparateur.

Chez l'homme, l'éjaculation entraîne également un pic de prolactine, une hormone associée à des sentiments de relaxation et de somnolence. Les femmes peuvent ressentir un effet similaire en raison des poussées d'endorphine et d'ocytocine. Ces changements chimiques créent un environnement optimal pour s'endormir et rester endormi.

En outre, l'effort physique lié aux rapports sexuels accélère le rythme cardiaque et stimule la circulation, imitant ainsi les bienfaits d'un exercice physique léger. Cela peut contribuer à réguler votre cycle veille-sommeil, ce qui facilite l'endormissement après l'activité. Toutefois, le moment choisi est important : si les rapports sexuels sont trop vigoureux ou énergisants, ils peuvent retarder temporairement l'arrivée du sommeil.

Des troubles du sommeil en augmentation

C’est un sujet d’autant plus d’actualité que nous dormons peu et mal. D’après les chiffres de l’Inserm, nous dormons en moyenne 1h30 de moins qu’il y a 50 ans [8]. Et un tiers de la population française dort moins de 6 heures par nuit [9], bien en deçà des 7 heures minimales recommandées pour une bonne récupération [10]. En outre les troubles du sommeil sont fréquents :

  • troubles d’initiation ou du maintien du sommeil,
  • parasomnies (cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme, rythmies du sommeil, etc.),
  • hypersomnies (hypersomnies idiopathiques, narcolepsies),
  • troubles du rythme circadien (syndrome de retard de phase de sommeil)
  • insomnies.
Ainsi, un Français sur trois expérimente des nuits d’insomnie, c’est-à-dire:

  • des difficultés pour s’endormir,
  • des périodes de réveil pendant la nuit avec des difficultés pour se rendormir,
  • ou des réveils trop matinaux accompagnée d’une incapacité à se rendormir.

Autre grand classique de nos nuits, les troubles respiratoires du sommeil. Cette catégorie comprend les ronflements – ou ronchopathie – qui concerne 40 % des adultes de plus de 50 ans [11] ainsi que l’apnée du sommeil un trouble moins connu et sous-diagnostiqué. Il s’agit du syndrome d’apnée obstructive du sommeil dû un relâchement des muscles de la gorge et un blocage des voies aériennes par la langue, ce qui entraîne un arrêt de la respiration partiel (on parle d'hypopnée) ou total (on parle d'apnée).

Si vous dormez peu ou mal, il est grand temps de renouer avec des nuits suffisamment longues et réparatrices. Effet bonus : votre sexualité vous en remerciera !

Ce qu’il faut retenir :

  • La performance sexuelle est un sujet de préoccupation fréquent.
  • La fonction érectile convoque de multiples processus.
  • Le sommeil est un facteur clé. Des nuits peu réparatrices sont associées à une baisse de la sécrétion de la testostérone et à une augmentation des troubles de l’érection.
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Sources

[1] Pyke, R. E. (2020). Sexual Performance Anxiety. Sexual medicine reviews, 8(2), 183-190
[2] Wincze, J. P. et Carey, M. P. (1991). Sexual dysfunction: A guide for assessment and treatment. Guilford Press
[3] Rowland, D. L. et Van Lankveld, J. J. (2019). Anxiety and performance in sex, sport, and stage: identifying common ground. Frontiers in Psychology, 10, 1615
[4] Enquête Ifop/online seduction février 2019
[5] Enquête Ifop/online seduction février 2019
[6] Veldhuis, Iranmanesh, Godschalk,& Mulligan, 2000 Older Men Manifest Multifold Synchrony Disruption of Reproductive Neurohormone Outflow 1.Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism,85(4), p. 1477-1486.
[7] https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/
[8] Léger D. & Bourdillon F. Le déclin du temps de sommeil en France n’est pas une fatalité ; résultat du baromètre de santé publique France (2019), Bull. Epidemiol. hebd., 2019 (8-9), p.146-148
[9] Léger D. et al. Le temps de sommeil, la dette de sommeil, la restriction de sommeil et l’insomnie chronique des 18-75 ans : résultat du baromètre de santé publique France (2019), Bull. Epidemiol. hebd., 2019 (8-9), p.149-160.
[10] www.ameli.fr
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