Sexe et sommeil : l'influence de l'un sur l'autre

22.06.2023
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La performance sexuelle apparaît étroitement liée au sommeil. Or nous dormons trop peu et expérimentons fréquemment des troubles du sommeil. Chez les hommes, ces nuits peu réparatrices viennent fragiliser la fonction érectile.

Et si pour que vos nuits soient plus belles que vous jours, le secret consistait justement à jouir d’un sommeil réparateur ?

La performance sexuelle : le sujet de préoccupation numéro un des hommes

Un homme sur 4 expérimente ce qu’on qualifie d’anxiété de performance sexuelle [1]. Peur de ne pas satisfaire son partenaire [2], peur de ne pas être à la hauteur des standards préconçus dans le cadre d’une interaction sexuelle [3] et des représentations sociales de la virilité masculine, peur de ne pas réussir à obtenir ou maintenir une érection : la liste des motifs d’angoisses peut être longue pour un homme.
Ces inquiétudes conduisent même le sexe fort à des pratiques qu’on croyait presque réservées aux femmes :
  • peiner à obtenir un orgasme : 58 % des Français [4] sont concernés,
  • voire carrément simuler l’orgasme, comme 42 % sondés [5].

Nous l’avons tous expérimenté, la sexualité est complexe, parfois compliquée, elle est aussi changeante, voire fluctuante. En cela, elle est aussi le reflet des nombreux mécanismes qui entrent en jeu.

Une mécanique sophistiquée et fragile

La fonction érectile se joue en quatre temps. Des stimulations sensorielles se transforment en signaux d’influx nerveux transmis jusqu’à la verge à travers la moelle épinière, par l’intermédiaire d’un neurotransmetteur – la dopamine. Le message chimique envoyé au pénis provoque une décontraction des fibres musculaires entourant les cavités des corps caverneux érectiles. Ce relâchement permet l’afflux sanguin dans les corps caverneux : les artères péniennes s’ouvrent et les corps caverneux se remplissent de sang. Le pénis augmente de volume. La pression sanguine monte d’un cran jusqu’à comprimer les veines. Le pénis se tend et se redresse jusqu’à être rigide. Un deuxième transmetteur est alors à l’œuvre, la noradrénaline, qui sert de moteur à l’érection comme phénomène actif. Une fois l’orgasme atteint, la verge entre dans sa phase de détumescence. Cette phase est suivie d’une période dite « réfractaire » pendant laquelle, il n’y a pas d’érection possible. Il suffit d’un grain de sable pour que cette mécanique subtile s’enraye…
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Dr Thierry CASTERA, médecin du sommeil

Le sommeil un facteur clé

On le voit de multiples fonctions sont à l’œuvre. Notre fonction sexuelle dépend de notre système cognitif. Elle est commandée par les influx nerveux, mais elle dépend également de notre système nerveux autonome et de processus vasculaires et musculaires. C’est pourquoi les causes de défaillances sont extrêmement nombreuses : diabète de type 2, hypercholestérolémie, dépression, maladies psychiatriques, maladies cardiovasculaires, etc...

Si l’on écarte les pathologies, l’anxiété, la fatigue, la sédentarité, le surpoids, l’abus d’alcool et/ou de tabac suffisent bien souvent à enrayer cette mécanique sophistiquée. Il existe cependant un dénominateur commun et sous-estimé à la très grande majorité de ces facteurs : le sommeil. On l’oublie trop souvent. Le sommeil est un facteur clé de notre santé, y compris de notre santé sexuelle. Les chercheurs ont d’ailleurs montré que la testostérone, l’hormone de l’érection, est plus haute chez les hommes qui dorment mieux et plus longtemps [6].
Bien dormir, c’est la clé !
Les études ont mis en évidence que les troubles de l’érection ont une relation linéaire avec la dégradation du sommeil [7]. Rien d’étonnant à cela : le manque de sommeil dégrade nos fonctions cognitives, déséquilibre notre métabolisme et constitue un facteur décisive dans l’apparition de troubles psychiques et cardio-vasculaires.

Dans le meilleur des cas, le sommeil est insuffisamment réparateur, nous laisse fatigués, somnolents, de mauvaise humeur, voire carrément agressifs et accros aux graisses et aux sucres. De là à boire des litres de caféine, à zapper notre séance de sport et à s’effondrer seul sur notre canapé avec une pizza, le pas est vite franchi. Bref, rien de très favorable pour l’épanouissement de notre sexualité.

Des troubles du sommeil en augmentation

C’est un sujet d’autant plus d’actualité que nous dormons peu et mal. D’après les chiffres de l’Inserm, nous dormons en moyenne 1h30 de moins qu’il y a 50 ans [8]. Et un tiers de la population française dort moins de 6 heures par nuit [9], bien en deçà des 7 heures minimales recommandées pour une bonne récupération [10]. En outre les troubles du sommeil sont fréquents :
  • troubles d’initiation ou du maintien du sommeil,
  • parasomnies (cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme, rythmies du sommeil, etc.),
  • hypersomnies (hypersomnies idiopathiques, narcolepsies),
  • troubles du rythme circadien (syndrome de retard de phase de sommeil)
  • insomnies.
Ainsi, un Français sur trois expérimente des nuits d’insomnie, c’est-à-dire:

- des difficultés pour s’endormir,
- des périodes de réveil pendant la nuit avec des difficultés pour se rendormir,
- ou des réveils trop matinaux accompagnée d’une incapacité à se rendormir.

Autre grand classique de nos nuits, les troubles respiratoires du sommeil. Cette catégorie comprend les ronflements – ou ronchopathie – qui concerne 40 % des adultes de plus de 50 ans [11] ainsi que l’apnée du sommeil un trouble moins connu et sous-diagnostiqué. Il s’agit du syndrome d’apnée obstructive du sommeil dû un relâchement des muscles de la gorge et un blocage des voies aériennes par la langue, ce qui entraîne un arrêt de la respiration partiel (on parle d'hypopnée) ou total (on parle d'apnée).

Si vous dormez peu ou mal, il est grand temps de renouer avec des nuits suffisamment longues et réparatrices. Effet bonus : votre sexualité vous en remerciera !

Ce qu’il faut retenir :

  • La performance sexuelle est un sujet de préoccupation fréquent.
  • La fonction érectile convoque de multiples processus.
  • Le sommeil est un facteur clé. Des nuits peu réparatrices sont associées à une baisse de la sécrétion de la testostérone et à une augmentation des troubles de l’érection.
Sources

[1] Pyke, R. E. (2020). Sexual Performance Anxiety. Sexual medicine reviews, 8(2), 183-190
[2] Wincze, J. P. et Carey, M. P. (1991). Sexual dysfunction: A guide for assessment and treatment. Guilford Press
[3] Rowland, D. L. et Van Lankveld, J. J. (2019). Anxiety and performance in sex, sport, and stage: identifying common ground. Frontiers in Psychology, 10, 1615
[4] Enquête Ifop/online seduction février 2019
[5] Enquête Ifop/online seduction février 2019
[6] Veldhuis, Iranmanesh, Godschalk,& Mulligan, 2000 Older Men Manifest Multifold Synchrony Disruption of Reproductive Neurohormone Outflow 1.Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism,85(4), p. 1477-1486.
[7] Taylor P. Kohn, Jaden R. Kohn, Nora M. Haney, Alexander W. Pastuszak, Larry I. Lipshultz, The effect of sleep on men’s health, Transl Androl Urol 2020;9(Suppl 2):S178-S185 | http://dx.doi.org/10.21037/tau.2019.11.07
[8] https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/
[9] Léger D. & Bourdillon F. Le déclin du temps de sommeil en France n’est pas une fatalité ; résultat du baromètre de santé publique France (2019), Bull. Epidemiol. hebd., 2019 (8-9), p.146-148
[10] Léger D. et al. Le temps de sommeil, la dette de sommeil, la restriction de sommeil et l’insomnie chronique des 18-75 ans : résultat du baromètre de santé publique France (2019), Bull. Epidemiol. hebd., 2019 (8-9), p.149-160.
[11] www.ameli.fr
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Dr Thierry CASTERA, rédacteur médical
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