L’apnée du sommeil est-elle reconnue comme une invalidité en France ?

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Article mis a jour le 02.08.2024
Principaux enseignements :
  • Toute pathologie peut être à l’origine d’une invalidité, y compris l’apnée du sommeil.
  • Une invalidité correspond à une diminution de la capacité de travail d’une personne atteinte 66 %.
  • C’est une situation de fait livrée à l’appréciation du médecin conseil de la Sécurité sociale.
Comme n’importe quelle pathologie, l’apnée du sommeil est susceptible d’impacter la vie quotidienne du patient au point de diminuer sa capacité à travailler. Cette diminution est susceptible d’être considérée comme une situation d’invalidité.

Plus de 800.000 personnes reçoivent une pension d’invalidité en France. Près de 5 % des Français souffrent d’apnée du sommeil [1], [2]. L’apnée du sommeil peut-elle être reconnue comme une cause d’invalidité en France ?

L’invalidité : qu’est-ce que c’est ?

Souvent confondue avec la notion de handicap, l’invalidité correspond à une atteinte à la capacité de travail d’une personne à la suite d’un accident ou en raison d’une maladie non professionnelle. Pour être reconnue comme étant invalidante, cette capacité de travail doit être réduite d'au moins 2/3 (66 %).
Pour compenser cette perte de salaire, il est possible de percevoir une pension d’invalidité, versée par la Sécurité sociale. Celle-ci est calculée sur la base d'un salaire annuel moyen à partir des 10 meilleures années de salaire de la personne invalide dans la limite du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit 3.666 euros par mois en 2023.

Pour déterminer ce montant, la Sécurité sociale classe les personnes en trois catégories, en fonction de leur situation :

  • Invalide capable d'exercer une activité rémunérée (première catégorie),
  • Invalide absolument incapable d'exercer une profession quelconque (deuxième catégorie),
  • Invalide qui, étant absolument incapable d'exercer une profession, et, en plus, dans l'obligation d'avoir recours à l'assistance d'une tierce personne pour effectuer les actes ordinaires de la vie.

Cette catégorie est déterminée par le médecin-conseil de la caisse primaire d'assurance maladie. C'est également ce dernier qui constate ou non l’inaptitude à travailler de la personne concernée.

L’apnée du sommeil : une pathologie potentiellement lourde

Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) se traduit par des pauses respiratoires pendant le sommeil entraînant une diminution du débit respiratoire (hypopnée) voire une absence totale de débit respiratoire (apnée). Celles-ci génèrent des micro-éveils dont le dormeur n’est pas toujours conscient. En outre, en cas d’apnée du sommeil, la quantité d’oxygène transportée dans le sang du patient diminue (hypoxémie). Ces deux phénomènes ont une conséquence sur la santé et la qualité de vie du patient.

À court terme, il peut éprouver :

À plus long terme, un SAHOS augmente la mortalité toutes causes et plus particulièrement celle de cause cardiovasculaire [3].

Comment l'apnée du sommeil affecte-t-elle le travail ?

Les symptômes de l'apnée du sommeil peuvent avoir un impact significatif sur la productivité et augmenter le risque d'accident, en particulier dans les emplois exigeant des niveaux élevés de vigilance et de précision. La fatigue chronique due à l'apnée du sommeil entraîne souvent une augmentation de l'absentéisme et une diminution des performances professionnelles. Les équipes de nuit, le travail de nuit et la conduite de véhicules ou de machines sont fortement déconseillés aux personnes souffrant de cette affection.

Une somnolence diurne anormale peut également entraîner une interdiction temporaire de conduire, qui ne peut être reprise que lorsqu'un traitement efficace a été mis en place.

Pour évaluer l'aptitude à la conduite, en particulier pour les conducteurs professionnels, les médecins peuvent utiliser des tests de vigilance, tels que les tests de maintien de l'éveil (WMT). Ces tests sont répétés toutes les deux heures et se déroulent dans des conditions précises : la personne est en position semi-inclinée, dans un environnement calme et peu éclairé, et doit résister à l'endormissement pendant 20 minutes. Ce test permet de s'assurer que la personne conserve une vigilance normale et d'évaluer l'efficacité du traitement de la somnolence diurne.
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L’apnée du sommeil est-elle invalidante ?

L'index apnées/hypopnées par heure de sommeil (IAH) permet de mesurer la sévérité du SAHOS :
  • 0 à 5 : absence de SAHOS
  • 5 à 15 : SAHOS léger
  • 15 à 30 : SAHOS modéré
  • au-dessus de 30 : SAHOS sévère.

Un SAHOS sévère peut lourdement handicaper la vie quotidienne du patient et impacter sa capacité à travailler. Les comorbidités associées au SAHOS sont également susceptibles de dégrader l’état général du patient (incidents cardiovasculaires par exemple) et d’affecter sa capacité à travailler. Pour apprécier une invalidité, il n’existe pas de liste prédéfinie de pathologie et toute maladie est susceptible d’être invoquée, a fortiori un SAHOS. C’est une question de fait livrée à l’appréciation du médecin conseil. Rappelons cependant qu‘il existe des traitements efficaces contre le SAHOS. Ils sont susceptibles d’améliorer la qualité de vie du patient et son pronostic santé.

En fonction du degré de sévérité du SAHOS diagnostiqué, celui-ci peut être traité par :

  • Pression positive continue (PPC) : il s'agit d'un masque sur votre nez et/ou votre bouche fournissant un débit continu d'air pressurisé pour maintenir vos voies respiratoires ouvertes pendant votre sommeil.

  • Orthèse d'avancée mandibulaire : il s'agit d'un appareil dentaire qui maintient la mâchoire inférieure en position avancée afin de libérer le passage de l'air au niveau de la gorge.

Faut-il déclarer l'apnée du sommeil ?

Il est essentiel d'informer votre employeur de votre apnée du sommeil, en particulier si votre travail implique l'utilisation de machines lourdes, la conduite ou l'exécution de tâches pour lesquelles un manque de vigilance pourrait constituer un risque pour la sécurité. En révélant votre état, vous permettez à votre employeur de procéder aux ajustements et aménagements nécessaires sur le lieu de travail afin de garantir à la fois la sécurité et la productivité.

Si vous vous préparez à passer votre examen de conduite et que vous souffrez d'apnée du sommeil, prenez les mesures suivantes :

  • Consultez votre médecin pour confirmer que votre apnée du sommeil est sous contrôle et que vous suivez un plan de traitement efficace qui réduit la somnolence.
  • Planifiez des examens médicaux réguliers pour vous assurer que votre traitement reste efficace.
  • Demandez l'avis d'un médecin agréé par le quartier général de la police de votre région.

L'apnée du sommeil est-elle reconnue par la MDPH ?

La MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) peut reconnaître l'apnée du sommeil comme un handicap si elle a un impact significatif sur le fonctionnement quotidien et la qualité de vie. Il est cependant essentiel de rappeler qu'il n'appartiendra pas à la MDPH de reconnaître ou non l'apnée comme un handicap. Ce rôle relève de la seule compétence du corps médical. La reconnaissance peut conduire à des prestations d'invalidité, à des soins médicaux spécialisés et à des aménagements du lieu de travail. Le corps médical évalue la gravité de l'apnée du sommeil et son impact sur les activités quotidiennes, et la MDPH décide de l'aide en fonction de cette évaluation. L'apnée du sommeil sévère, surtout lorsqu'elle est associée à d'autres pathologies, a été reconnue comme un handicap important, pouvant donner droit à des prestations telles que l'allocation adulte handicapé (AAH).

Questions fréquentes

Est-ce que l'apnée du sommeil est pris en ALD ?

Non, l'apnée du sommeil n'est pas reconnue comme une ALD (Affection de Longue Durée) en France. Elle n'est donc pas prise en charge à 100 % par cette dernière.

Quel est le taux d'invalidité pour l'apnée du sommeil ?

Le taux d'invalidité pour l'apnée du sommeil peut varier en fonction de la gravité de la condition et de son impact sur la vie quotidienne d'un individu. Le MDPH évalue chaque cas individuellement afin de déterminer le taux d'invalidité approprié, qui influe sur le niveau de soutien et d'avantages disponibles pour le patient. Pour les apnées du sommeil sévères (associées notamment à d'autres pathologies) reconnues comme entravant l'autonomie de la personne qui en souffre dans les actes de sa vie quotidienne, un taux d'incapacité peut être fixé à 80 %.

L'apnée du sommeil peut-elle affecter l'espérance de vie ?

L'apnée du sommeil, surtout si elle n'est pas traitée, peut avoir un impact significatif sur la longévité. Elle est associée à diverses maladies cardiovasculaires, à l'hypertension et à d'autres problèmes de santé susceptibles de réduire l'espérance de vie. Un traitement et une prise en charge efficaces de l'apnée du sommeil sont essentiels pour atténuer ces risques et améliorer l'état de santé général.
Sources
[1] 4,9% de personnes déclarent souffrir d’un SE-SAHOS, Le syndrome d’apnée du sommeil en France : un syndrome fréquent et sous-diagnostiqué, C. Furhman et al., BEH 44-45, 20 novembre 2012, p. 511.
[2] L’apnée obstructive du sommeil (SAOS) constituent la très grande majorité des apnées du sommeil, loin devant l’apnée centrale du sommeil (ACS).
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